04 mars, 2020

« Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice, car ils seront rassasiés » (Mt 5,6)

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texte adapté de la catéchèse de François du 11 mars 2020

Chers frères et sœurs, bonjour !

Dans l’audience de ce jour, nous continuons de méditer la lumineuse voie du bonheur, que le Seigneur nous a confiée dans les Béatitudes, et nous arrivons à la quatrième : « Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice, car ils seront rassasiés » (Mt 5,6).

Nous avons déjà rencontré la pauvreté de coeur et les pleurs ; maintenant, nous nous confrontons à une autre forme de faiblesse, qui est liée à la faim et la soif
La faim et la soif sont des besoins essentiels, ils concernent notre survie. Il faut le souligner : il ne s’agit pas ici d’un désir banal, mais d’une exigence vitale et quotidienne, comme la nourriture.


Mais que signifie avoir faim et soif de justice ?

Certes, nous ne parlons pas de ceux qui veulent la vengeance, au contraire, dans la béatitude précédente, nous avons parlé de douceur.
Il est certain que les injustices blessent l’humanité ; la société humaine a un besoin urgent d’équité, de vérité et de justice sociale ; souvenons-nous que le mal subi par les femmes et par les hommes dans le monde atteint le coeur de Dieu le Père. Quel père ne souffrirait pas de la douleur de ses enfants ?
Les Écritures parlent de la douleur des pauvres et des opprimés que Dieu connaît et partage. Dieu est descendu libérer son peuple car il a écouté le cri d’oppression élevé par les fils d’Israël, comme le raconte le livre de l’Exode (cf. 3,7-10).


Mais la faim et la soif de justice dont nous parle le Seigneur est encore plus profonde que le légitime besoin de justice humaine que tous les hommes portent dans leur coeur.

Dans le « discours sur la montagne », un peu plus loin, Jésus parle d’une justice plus grande que le droit humain ou la perfection personnelle, en disant : « Si votre justice ne surpasse pas celle des scribes et des pharisiens, vous n’entrerez pas dans le royaume des Cieux » (Mt 5,20).
Et c’est là la justice qui vient de Dieu (cf. 1 Co 1,30).


Dans les Écritures, nous voyons exprimée une soif plus profonde que la soif physique, qui est un désir mis à la racine de notre être.
Un psaume dit : « Dieu, tu es mon Dieu, je te cherche dès l’aube : mon âme a soif de toi ; après toi languit ma chair, terre aride, altérée, sans eau » (Ps 63,2).

Les Pères de l’Église parlent de cette inquiétude qui habite le coeur de l’homme. Saint Augustin dit : « Tu nous as faits pour toi, Seigneur, et notre coeur est sans repos tant qu’il ne repose en toi » (1). Il y a une soif intérieure, une faim intérieure, une inquiétude…

Dans tous les coeurs, jusque dans la personne la plus corrompue et loin du bien, est cachée une aspiration à la lumière, même si elle se trouve sous les décombres de mensonges et d’erreurs, mais il y a toujours la soif de la vérité et du bien, qui est la soif de Dieu.


C’est l’Esprit Saint qui suscite cette soif : c’est lui l’eau vive qui a façonné notre poussière, c’est lui le souffle créateur qui lui a donné vie.

C’est pourquoi l’Église est envoyée annoncer à tous la Parole de Dieu, imprégnée de l’Esprit Saint.
<Envoyée annoncer la sainteté>.
Parce que l’Évangile de Jésus-Christ est la plus grande justice <sainteté> que l’on puisse offrir au coeur de l’humanité, qui en a un besoin vital, même si elle ne s’en rend pas compte (2).

Par exemple, quand un homme et une femme se marient, ils ont l’intention de faire quelque chose de grand et de beau, et s’ils gardent vive cette soif, <la soif de sainteté>, ils trouveront toujours le chemin pour aller de l’avant, au milieu des problèmes, avec l’aide de la grâce.
Les jeunes aussi ont cette faim et il ne faut pas qu’ils la perdent !
Il est nécessaire de protéger et d’alimenter dans le coeur des enfants ce désir d’amour, de tendresse, d’accueil qu’ils expriment dans leurs élans sincères et lumineux.

Chaque personne est appelée à redécouvrir ce qui compte vraiment, de quoi elle a vraiment besoin, ce qui fait vivre bien et, en même temps, ce qui est secondaire, et dont on peut tranquillement se passer.


Dans cette béatitude (la faim et la soif de justice) Jésus annonce qu’il existe une soif qui ne sera pas déçue ; une soif qui, si elle est satisfaite, sera calmée et se terminera toujours bien, parce qu’elle nous fera entrer dans le coeur même de Dieu, de son Saint Esprit qui est amour.
Cette soif est la croissance de la semence que le Saint Esprit a semé dans nos coeurs.

Que le Seigneur nous donne cette grâce : d’avoir cette soif de justice <de sainteté> qui est précisément la volonté de le trouver, de voir Dieu, de l’laimer et de faire du bien aux autres.
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(1) Les confessions, 1,1.5.
(2) Cf. Catéchisme de l’Église catholique, n. 2017: « La grâce de l’Esprit Saint nous confère la justice de Dieu. En nous unissant par le biais de la foi et le baptême à la passion et à la résurrection du Christ, l’Esprit nous rend participants de sa vie ».

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