Thème 20 L'Eucharistie (II). L’Eucharistie en tant que Sacrifice. 2050 La Messe
1. La Sainte Messe, véritable Sacrifice
a) Tout au long de l’Ancien Testament, Dieu Notre-Seigneur a
préparé le moment du Sacrifice parfait
du Golgotha et l’institution de son perpétuel renouvellement :
l’Eucharistie.
— L’Eucharistie était annoncée symboliquement
dans les sacrifices de l’ancienne loi et, surtout, dans l’immolation de
l’Agneau pascal (Ex 12, 18 ; Ps 109, 4 ; He 5 et 7).
Le prophète Malachie annonce son offrande par toute
la terre avec les paroles suivantes : mais de l’Orient au couchant, mon
Nom est grand chez les nations et en tout lieu un sacrifice d’encens est présenté en mon Nom ainsi qu’une offrande pure (Ml, 1, 11) (cf. Catéchisme,
1330 et 1333-1336).
Dans
quel sens la Sainte Messe est-elle un sacrifice ? La Sainte Messe est un sacrifice au sens propre.
Un sacrifice « nouveau » comparé
aux sacrifices des religions naturelles et aux sacrifices rituels de l'Ancien
Testament.
C’est un sacrifice parce que la
Sainte Messe re-présente (rend présent), l'unique sacrifice de notre rédemption,
parce qu'elle est son mémorial et qu'elle applique aux fidèles les fruits du
Sacrifice de la Croix (cf. Catéchisme, 1362-1367).
b) L’Eucharistie est à la fois sacrement et sacrifice :
« Eucharistie » est un sacrement qui signifie « action de
grâces »
— le terme « Eucharistie » désigne le Sacrement du Corps et du Sang du
Seigneur ; c’est-à-dire les espèces consacrées, (qui sont le signe du
sacrement), dans lesquelles Notre Seigneur Jésus-Christ est présent ;
— en plus, dans les paroles mêmes que Jésus-Christ prononça en
instituant ce sacrement au cours de la Dernière Cène, il est manifeste que
l’Eucharistie est un Sacrifice :
« Ceci est mon Corps qui va être donné
pour vous » et « Cette coupe est la Nouvelle Alliance en mon Sang,
qui va être versé pour
vous » (Lc 22, 19-20 ; cf. Catéchisme, 1365).
c) La Dernière Cène et le sacrifice du Calvaire forment une unité.
Lors de la Dernière Cène Notre Seigneur a institué le sacrement, en anticipant
son Sacrifice.
Jésus a institué le sacrement qui devait ainsi re-présenter (= rendre à nouveau présent) le
Sacrifice de la Croix (cf. Catéchisme, 1366).
Jésus a donné aux Apôtres, sous
les espèces du pain et du vin, son Corps, offert en sacrifice, et son Sang,
répandu pour la rémission des péchés, anticipant dans le rite mémorial l’acte
qui s'est déroulé historiquement peu de temps après sur le Golgotha.
Dès lors l'Église sous la conduite
et par la vertu de l'Esprit Saint, ne cesse d'accomplir le commandement de
refaire ce que Jésus-Christ a dit à ses apôtres : « Faîtes ceci en mémoire de
moi» (Luc 22,19 ; 1 Co 11, 24-25).
Ainsi il « annonce « (rend présent par la parole et par le
sacrement) « la mort du Seigneur » (c'est-à-dire, son
sacrifice : cf. Ef 5,2 ; Hb 9, 26), « jusqu'à ce qu'il revienne (à
savoir, sa résurrection et son ascension glorieuse) (cf. 1 corinthiens 11, 26).
Cette annonce, cette proclamation sacramentelle du Mystère Pascal du Seigneur, est d'une efficacité particulière, parce que, non seulement se représente in signo, ou in figura, le sacrifice rédempteur du Christ, mais également il se rend véritablement présent : sa Personne et l’événement salvifique commémoré sont rendus présents.
Cette annonce, cette proclamation sacramentelle du Mystère Pascal du Seigneur, est d'une efficacité particulière, parce que, non seulement se représente in signo, ou in figura, le sacrifice rédempteur du Christ, mais également il se rend véritablement présent : sa Personne et l’événement salvifique commémoré sont rendus présents.
Le Catéchisme de l'Église
Catholique l’exprime de la façon suivante : l’Eucharistie est le mémorial de la
Pâque du Christ, l'actualisation et l’offrande sacramentelle de son unique
sacrifice, dans la liturgie de l'Église qui est son Corps » (Catéchisme, 1362).
C’est pourquoi, lorsque l'Église
célèbre l’Eucharistie, par la consécration du pain et du vin au Corps et au
Sang du Christ, c’est la victime même du Golgotha, maintenant glorieuse qui se
rend présente.
C’est le même prêtre, Jésus-Christ
; c’est le même acte d'offrande sacrificielle; offrande toujours actuelle dans
le Christ ressuscité et glorieux.
Seule change la manifestation
visible de ce don : sur le calvaire, le don se manifestait par la passion et la
mort sur la Croix ; dans la messe, le don se manifeste par la médiation de la
double consécration du pain et du vin dans le contexte de la Prière
Eucharistique (cette double consécration est figure sacramentelle de
l'immolation de la Croix).
La Dernière Cène, le sacrifice du
Calvaire et l’Eucharistie sont étroitement reliés : la Dernière Cène fut l'anticipation sacramentelle du
sacrifice de la Croix ; l’Eucharistie, que Jésus-Christ a instituée à ce
moment-là, actualise (rend présent) au long des temps, partout où elle est
célébrée sacramentellement, l'unique sacrifice rédempteur du Seigneur, pour que
toutes les générations puissent entrer en contact avec le Christ et accueillir
le salut qu'Il offre à toute l'humanité.
d) Pour cette raison le nom d’« Eucharistie » signifie
aussi la « célébration de l’Eucharistie » ou la liturgie de
l’Eucharistie,
L’Eucharistie est ainsi la célébration liturgique dans laquelle le
Christ devient présent par la consécration du pain et du vin en son
Corps et en son Sang, et s’offre pour
nous en renouvelant le Sacrifice du Calvaire.
« Dans l’Eucharistie le Christ donne ce corps même qu’Il a livré pour nous sur la Croix, le sang même qu’Il a « répandu pour une multitude en rémission des péchés » (Mt 26, 28) (Catéchisme, 1365).
« Dans l’Eucharistie le Christ donne ce corps même qu’Il a livré pour nous sur la Croix, le sang même qu’Il a « répandu pour une multitude en rémission des péchés » (Mt 26, 28) (Catéchisme, 1365).
« Le sacrifice du Christ et le sacrifice de l’Eucharistie sont un
unique sacrifice » (Catéchisme, 1367).
Le Sacrifice
de la Croix est renouvelé ou actualisé non parce que Jésus meurt de nouveau,
mais parce qu’on renouvelle son offrande. Nous offrons de nouveau la Mort du Christ. Jésus offre de nouveau sa Mort, qui est rendue présente à nouveau.
e) On appelle Sainte Messe cette célébration liturgique.
L’essence du Sacrifice de la Messe est la Consécration du pain et du vin qui re-présentent
d’une manière non sanglante le Sacrifice sanglant du Christ sur la Croix. (Ceci
est mon Corps ; ceci est mon Sang).
— La Communion du prêtre ne fait pas partie de l’essence de la
Sainte Messe, mais de son intégrité. (S’il n’y a pas de Communion, le Sacrifice
et renouvelé, mais en réalisant d’une façon déficiente le sacrement).
— Les autres cérémonies de la Messe ont toutes une énorme
importance. Personne ne peut enlever ou ajouter quoi que ce soit à ce que
l’Église a établi dans la Liturgie de la Sainte Messe. (Cf. CONCILE VATICAN II,
const. Sacrosanctum Concilium, 22).
— « La liturgie de l’Eucharistie se déroule selon une
structure fondamentale qui s’est conservée à travers les siècles jusqu’à
nous » (Catéchisme, 1346).
Elle se compose de la liturgie de la Parole (jusq
u’à l’Offertoire), et de la liturgie eucharistique (à partir de l’Offertoire).
« Liturgie de la Parole et liturgie eucharistique constituent
ensemble « un seul et même acte du culte » (Catéchisme, 1346).
f) La Sainte Messe « est le mémorial de la Pâque du
Christ, l’actualisation et l’offrande sacramentelle de son unique sacrifice,
dans la liturgie de l’Église » (Catéchisme, 1362).
Dans le sens employé par l’Écriture Sainte, le mémorial n’est pas seulement le souvenir des événements
du passé. « Quand l’Église célèbre l’Eucharistie, elle fait mémoire de la
Pâque du Christ, et celle-ci devient présente : le sacrifice que le Christ
a offert une fois pour toutes sur la Croix demeure toujours actuel (cf. Hé 7,
25-27) » (Catéchisme, 1364)
Pâque signifie passage. La « Pâque du Christ »
est le passage du Christ de cette terre à la gloire du Ciel ; elle
inclut par conséquent la Passion, la Mort, la Résurrection et l’Ascension aux
Cieux.
Le Christ est « notre Pâque » (notre passage) parce
que, grâce à Lui et unis à Lui, nous pouvons nous aussi passer de la mort du
péché à la vie de la grâce, de la mort temporelle à la Résurrection et à la vie
éternelle.
« Toutes les fois que le sacrifice de la croix par lequel de Christ
notre pâque a été immolé (Co 5, 7) se célèbre sur l’autel, l’œuvre de notre
Rédemption s’opère. » (const. Lumen gentium, 3).
g) On dit que « l’œuvre de notre Rédemption se réalise »
parce que sur la Croix le Christ s’est offert Lui-même comme victime immaculée
à Dieu le Père par l’Esprit-Saint (cf. Hé 9, 14). Ce sacrifice fut la
réalisation de son obéissance parfaite
à la volonté du Père : le Christ s’est fait « obéissant jusqu’à la
mort et à la mort sur une Croix » (Ph 2, 8). C’est pour cela qu’Il avait
assumé notre nature : pour identifier la volonté humaine avec la volonté
divine (cf. Lc 22, 42 ; Hé 5, 5-10).
— Notre Seigneur Jésus-Christ a réparé par son obéissance la
désobéissance d’Adam, et Il a offert une réparation parfaite pour tous nos
péchés. Ce qui est réalisé durant la Sainte Messe, c’est l’offrande de ce même
sacrifice qui se renouvelle sur l’autel, lorsque le Christ devient présent
dans l’Eucharistie (cf. supra, § d).
h) Le ministre du Sacrifice Eucharistique est le prêtre qui agit in
nomine et in persona Christi. Pour consacrer validement il doit avoir
l’intention de faire ce que fait l’Église.
Le prêtre n’agit pas, au cours de
la Saint Messe, comme peut le faire le président d’une assemblée humaine,
mais il représente le Christ-Tête de l’Église (in persona Christi Capitis).
Le prêtre « fait, dans le rôle du Christ, le
sacrifice eucharistique et l’offre à Dieu au nom du peuple tout entier ;
les fidèles, eux, de par le sacerdoce royal qui est le leur, concourent à
l’offrande de l’Eucharistie » ( const. Lumen gentium, 10).
Ne pas reconnaître la différence essentielle entre
le sacerdoce ministériel et le sacerdoce commun donne lieu à « la confusion
des fonctions, spécialement pour ce qui se rapporte au ministère sacerdotal et
à la fonction des laïcs (récitation non différenciée et commune de la prière
eucharistique, homélie prononcée par des laïcs, distribution de la Communion
par des laïcs alors que les prêtres s’en dispensent) » (instr. Inæstimabile
donum, 3 avril 1980, prœmio).
Par exemple, si l'on considère que le pouvoir du sacerdoce ministériel est une simple "concrétisation" du sacerdoce commun des fidèles, qui provient d'une délégation du peuple et non de Dieu à travers le sacrement de l'Ordre il est facile de conclure que les laïcs peuvent réaliser dans la liturgie les fonctions qui sont reservées exclusivement à ceux qui ont reçu le sacerdoce ministériel pour agir in persona Christi
Par exemple, si l'on considère que le pouvoir du sacerdoce ministériel est une simple "concrétisation" du sacerdoce commun des fidèles, qui provient d'une délégation du peuple et non de Dieu à travers le sacrement de l'Ordre il est facile de conclure que les laïcs peuvent réaliser dans la liturgie les fonctions qui sont reservées exclusivement à ceux qui ont reçu le sacerdoce ministériel pour agir in persona Christi
(cf. Pie XII, enc. Mediator Dei, 20 novembre 1947,; JEAN PAUL II, Lettre aux prêtres de l’Église à l’occasion du Jeudi Saint, 8 avril 1979, 4),
(cf. Catéchisme, 1142).
2. Les fins et fruits de la Sainte Messe
a) La Sainte Messe, en tant qu’elle perpétue le sacrifice du Christ
sur le Calvaire, a les mêmes fins que le Sacrifice de la Croix ; ce
sont :
la fin de latrie (honorer et adorer Dieu) ;
la fin eucharistique (rendre grâce à Dieu) ;
la fin propitiatoire (réparer à Dieu pour nos péchés) ;
et la fin impétratoire (demander à Dieu ses dons et ses grâces).
Cela s'exprime dans les diverses
prières qui font partie de la célébration liturgique de l'Eucharistie,
spécialement dans le Gloria, dans le Credo, dans les diverses parties de
l'Anaphore ou Prière Eucharistique (Préface, Sanctus, Épiclèse, Anamnèse,
Intercession, Doxologie finale), dans le Notre Père et dans les prières propres
de chaque Messe : la Collecte, la Prière sur les offrandes, la Prière après la
communion.
b) « C’est en communion avec la Très Sainte Vierge Marie et en
faisant mémoire d’elle, ainsi que de tous les saints et de toutes les saintes,
que l’Église offre le sacrifice
eucharistique.
Dans l’Eucharistie l’Église, avec Marie, est comme au pied de la Croix,
unie à l’offrande et à l’intercession du Christ » (Catéchisme,
1370).
c) Par
fruits de la Messe ont entend les effets que la vertu salvifique de la Croix,
rendue présente dans le sacrifice eucharistique, génère chez les hommes
lorsqu'ils l’accueillent librement, dans la foi, l’espérance et l'amour envers
le rédempteur.
Ces fruits comportent
essentiellement une croissance dans la grâce sanctifiante et une plus intense
conformation existentielle au Christ.
De tels fruits de sainteté ne se
produisent pas à l'identique chez tous ceux qui participent au sacrifice
eucharistique ; ils seront plus ou moins grands selon l'insertion de
chacun dans la célébration liturgique et dans la mesure de sa foi et de sa
dévotion.
Participent aux fruits de la sainte Messe, de manière diverse :
l’Église tout entière ;
le prêtre qui célèbre et ceux qui, unis à lui, assistent à la
célébration eucharistique ;
ceux qui, sans assister à la Messe, s’unissent au prêtre qui
célèbre ; et ceux pour lesquels la Messe est appliquée, qu’ils soient
vivants ou défunts.
d) Le Saint Sacrifice de l’autel peut être appliqué à tous ceux qui
peuvent en profiter, vivants ou morts.
L’offrande de messe est l’aumône que l’on donne au prêtre qui
applique la Messe pour une intention. Une fois l’offrande reçue, le prêtre est
obligé d’appliquer la Messe pour cette intention.
3. La Sainte Messe est l’action du Christ et de l’Église
a) « L’Église, qui est le Corps du Christ, participe à l’offrande
de son Chef.
Avec Jésus, l’Église s’offre avec Lui au Père pour le salut du monde.
Il est admis, par conséquent, d’affirmer que la Sainte Messe est le
sacrifice et du Christ et de l’Église.
La Sainte Messe est le sacrifice
du Christ et de l’Église, car chaque fois qu’est célébré le Mystère
Eucharistique, l’Église participe au sacrifice de son Seigneur, entrant en
communion avec lui et avec les biens de
la rédemption qu'il nous a obtenue.
Toute l'Église offre et est
offerte dans le Christ au Père par l'Esprit Saint.
Ainsi l'affirme la tradition
vivante de l’Église, tant dans les textes de la liturgie que dans les
enseignements des Pères de l’Église et du Magistère.
Le fondement de cette doctrine se
trouve dans le principe d'union et de coopération entre le Christ et les
membres de son Corps clairement exposé par le concile Vatican II : « Dans cette
œuvre si grande, par laquelle Dieu est parfaitement glorifié et les hommes
sanctifiés, le Christ associe toujours avec lui l'Église son épouse bien-aimée
».
L’Église s’unit ainsi à l’intercession du Christ auprès du Père pour tous
les hommes.
Dans l’Eucharistie, le sacrifice du Christ devient aussi le sacrifice
des membres de son Corps.
La vie des fidèles, leur louange, leur souffrance, leur prière, leur
travail, sont unis à ceux du Christ et à sa totale offrande, et acquièrent
ainsi une valeur nouvelle.
Le sacrifice du Christ présent sur l’autel donne à toutes les
générations de chrétiens la possibilité d’être unis à son offrande » (Catéchisme,
1368).
Le chrétien exerce son sacerdoce royal en offrant à Dieu toutes ses œuvres
en union avec le Christ sur l’autel. C’est une manifestation capitale de
l’ « âme sacerdotale ».
b) La participation des fidèles consiste avant tout à s’unir intérieurement au Sacrifice du
Christ que le prêtre offre sur l’autel.
On ne peut dire d’aucune façon que les fidèles
« concélèbrent » avec le prêtre, puisque seul ce dernier agit in
persona Christi.
En revanche ils contribuent à la célébration du Sacrifice, par le
sacerdoce commun reçu au Baptême.
Cette participation intérieure doit se manifester dans la participation
extérieure : dans la communion (en état de grâce), dans les réponses et
dans les prières que les fidèles récitent avec le prêtre ; dans les
gestes ; et aussi parfois dans la réalisation de certains rites, comme les
lectures ou les prières des fidèles.
Comme l'attestent les textes de la liturgie
eucharistique, les fidèles ne sont pas les simples spectateurs d'un acte de
culte réalisé par le prêtre célébrant ; tous peuvent et doivent participer
à l'offrande du sacrifice eucharistique, parce qu’en vertu du baptême ils ont
été incorporés au Christ et ils font partie de la « race choisie, du sacerdoce
royal, de la nation sainte, du peuple que Dieu s'est acquis » (1 P 2,9) ;
c'est-à-dire, du nouveau Peuple de Dieu dans le Christ, que lui-même continue
de rassembler autour de lui, pour que d’un confins à l'autre de la terre soit
offert en son nom un sacrifice parfait (cf. Mal 1,10-11).
Les fidèles offrent non seulement le culte spirituel du
sacrifice de leurs propres œuvres et de toute leur existence, mais aussi - dans
le Christ et avec le Christ - la Victime pure, sainte et immaculée. Tout cela
est inscrit dans l'exercice du sacerdoce commun des fidèles dans l'Eucharistie.
Entre l'offrande de l'Église et celle du Christ il n'y
a pas simple juxtaposition mais identification.
Les fidèles n'offrent pas un sacrifice différent de
celui du Christ, car en s'unissant à Lui ils rendent possible l’incorporation
de l'oblation que fait l'Église à celle su Christ, de sorte que l'offrande de
l'Église devienne l’offrande du Christ lui-même.
Et c'est lui, Jésus-Christ, qui offre le sacrifice
spirituel des fidèles qu’il incorpore au propre sacrifice.
La relation entre ces deux aspects n’a pas les
caractères d’une juxtaposition ni d’une succession mais elle est la présence de
l'un dans l'autre.
c) En participant au Sacrifice eucharistique, source et sommet de
toute la vie chrétienne, les fidèles offrent à Dieu, par l’intermédiaire du
prêtre, la Victime divine, et s’offrent eux-mêmes avec le Christ.
Toutes nos actions trouvent une valeur rédemptrice dans la mesure où
elles sont unies au Sacrifice du Christ.
L'Église, en union avec le Christ
offre non seulement le sacrifice eucharistique mais elle est offerte en Lui,
car en tant que Corps et Epouse elle est inséparablement unie à sa tête et à
son Epoux.
L'enseignement des Pères est très
clair à cet égard.
Pour Saint Cyprien l'Église offerte (l'oblation invisible des fidèles)
est symbolisée dans l’offrande liturgique des dons du pain et du vin mêlé de
quelques gouttes d'eau comme matière du sacrifice de l'Autel.
Pour Saint Augustin il est clair que dans le Sacrifice de l'Autel toute
l'Église est offerte avec son Seigneur et cela se manifeste dans la célébration
sacramentelle elle-même : « Cette cité pleinement rachetée, c'est-à-dire
l'assemblée et la société des saints, est offerte à Dieu en sacrifice universel
par le Souverain Prêtre qui, sous la forme d'un esclave, s'est offert pour nous
dans sa passion, pour faire de nous le corps d'une si grande Tête... Tel est le
sacrifice des chrétiens : « malgré notre grand nombre nous ne formons qu'un
seul corps dans le Christ » (Rm, 12, 5). L'Église célèbre ce mystère dans le
sacrement de l'autel, bien connu des fidèles, où il est manifeste que dans ce qui
est offert elle s'offre elle-même.
Pour Saint Grégoire le Grand la célébration de l'Eucharistie est un
encouragement à imiter l'exemple du Seigneur en offrant notre vie au Père comme
Jésus l'a fait ; ainsi viendra en nous le salut qui provient de la Croix du
Seigneur : « il est nécessaire que lorsque nous célébrons ce sacrifice
eucharistique nous nous offrions à Dieu d’un cœur contrit, parce que nous qui
célébrons les mystères de la passion du Seigneur nous devons imiter ce que nous
faisons. Et alors l'hostie prendra notre place devant Dieu si nous nous faisons
hostie nous-mêmes ».
La liturgie eucharistique
elle-même ne manque pas d’exprimer la participation de l'Église, sous
l'influence de l'Esprit Saint, dans le sacrifice du Christ : « Regarde, Seigneur
le sacrifice de ton Eglise, et daigne y reconnaître celui de ton Fils qui nous
a rétablis dans ton alliance ; quand nous serons nourris de son Corps et
de son sang et remplis de l’Esprit Saint, accorde-nous d’être un seul Corps et
un seul Esprit dans le Christ. Que l’Esprit Saint fasse de nous une éternelle
offrande … »
De façon semblable la prière eucharistique IV adresse cette
demande : « Regarde, Seigneur, cette offrande que tu as donnée toi-même à
ton Eglise ; accorde à tous ceux qui vont partager ce pain et boire à
cette coupe d’être rassemblés par l’Esprit Saint en un seul corps pour qu’ils
soient eux-mêmes dans le Christ une vivante offrande à la louange de ta
gloire ».
Nous répétons de nouveau une idée
très importante pour bien vivre la Messe :
La participation des fidèles consiste avant tout à s’unir intérieurement au
sacrifice du Christ rendu présent sur l'Autel grâce au ministère du
prêtre célébrant.
La doctrine énoncée a une
importance fondamentale pour la vie du chrétien.
Tous les fidèles sont appelés à
participer à la Sainte Messe par l’exercice de leur sacerdoce royal,
c'est-à-dire, avec l'intention d'offrir leur propre vie sans tache de péché au
Père, avec le Christ Victime immaculée, dans un sacrifice spirituel et
existentiel, restituant par l'amour filial et en action de grâces tout ce qu'il
ont reçu de Lui.
De la sorte la charité divine -le
courant d'amour trinitaire qui opère dans la célébration eucharistique -
transformera leur existence tout entière.
Les fidèles doivent faire en sorte que la Sainte messe
soit réellement centre racine de leur vie intérieure en ordonnant vers elle toute leur journée, le travail
et toutes leurs actions.
C’est là une manifestation
capitale de l’âme sacerdotale. Sur cette ligne Saint Josémaria nous
exhortait : « Lutte pour obtenir que le Saint Sacrifice de l'Autel soit le
centre et la racine de ta vie intérieure, de sorte que toute la journée se
convertisse en un acte de culte – prolongation de la Messe que tu as entendue
et préparation de la suivante- qui déborde en oraisons jaculatoires, en visites
au Saint-Sacrement, en offrande de ton travail professionnel et de ta vie de
famille…).
d) Les Messes sans assistance de peuple ont aussi un caractère
public et social. Leurs effets ne connaissent pas de limites de temps ni de
lieu. C’est pourquoi il est vivement recommandé que les prêtres célèbrent la
sainte Messe tous les jours, même si aucun fidèle n’y assiste.
Bibliographie de
base :
Catéchisme de l’Église catholique, 1345-1372.
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