Thème 23 : La Pénitence (II)


1. Le ministre et le sujet du Sacrement de la Pénitence

Le ministre : seuls les évêques et les prêtres

Puisque le Christ a confié aux apôtres le pouvoir de pardonner les péchés, seuls les évêques (successeurs des apôtres) et les prêtres (collaborateurs des évêques dans le minis­tère sacerdotal) peuvent administrer le sacrement de la Pénitence (cf. Catéchisme, 1461).

« Le Christ a confié le ministère de la Réconciliation à ses Apôtres, aux Évêques, leurs successeurs, et aux prêtres, leurs collaborateurs, qui deviennent ainsi les instruments de la miséricorde et de la justice de Dieu. Ils exercent le pouvoir de pardonner les péchés au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit. » (Compendium, 307).

 

Les prêtres doivent recevoir la charge.

Cela veut dire qu’après avoir reçu le sacrement de l’Ordre ils doivent avoir les pouvoirs de confesser (cf. Catéchisme, 1462).

Le confesseur assure le ministère de la réconciliation en vertu du pouvoir sacerdotal qu'il a reçu par le sacrement de l'ordre, mais l'exercice de ce pouvoir, est régulé par les lois de l'Église de telle sorte qu'il est nécessaire pour le prêtre d'avoir la faculté de confesser reçue de son évêque.

 

Le prêtre, lorsqu’il administre ce sacrement, agit en tant que Juge, Médecin, Père et Pasteur (cf. Catéchisme, 1465).

« En célébrant le sacrement de la Pénitence, le prêtre accomplit le ministère du Bon Pasteur qui cherche la brebis perdue, celui du Bon Samaritain qui panse les blessures, du Père qui attend le Fils prodigue et l’accueille à son retour, du juste Juge qui ne fait pas acception de personne et dont le jugement est à la fois juste et miséricordieux. Bref, le prêtre est le signe et l’instrument de l’amour miséricordieux de Dieu envers le pécheur » (Catéchisme, 1465).

 

L’excommunication.

Certains péchés spécialement graves sont assortis de la peine d’excommunication, qui est la peine ecclésiastique la plus sévère.

L’excommunication empêche la réception des sacre­ments ; en plus, en dehors du danger de mort, seuls le Pape, l’Évêque ou quelques prêtres désignés spécialement par eux, peuvent lever cette peine (cf. Catéchisme, 1463).

 

Le secret sacramentel

Le prêtre est tenu par la très stricte obligation de ne révéler absolument rien de ce que le pénitent a dit en vue de recevoir l’absolution, sous peine d’encourir des sanctions très sévères (cf. Catéchisme, 1467).

 

La violation directe du secret sacramentel comporte une excommunication réservée au Pontife romain (cf. C.I.C., c. 1388)

« Étant donné la délicatesse et la grandeur de ce ministère et le respect dû aux personnes, tout confesseur est tenu, sans exception aucune et sous peine de sanctions très sévères, de garder le sceau sacramentel, c’est-à-dire l’absolu secret au sujet des péchés dont il a connaissance par la confession. » (Compendium, 309).

 

 

La forme du sacrement

Les principales paroles de la « formule d’absolution » prononcée par le prêtre sont : « Ego te absolvo a peccatis tuis in nomine Patris, et Filii et Spiritus Sancti » (cf. Catéchisme, 1449).

Certains actes du confesseur sont évidemment nécessaires : entendre la confession du pénitent et lui imposer une pénitence. En outre, par le pouvoir sacerdotal du sacrement de l'ordre, le confesseur donne l'absolution en récitant la formule prescrite dans le rituel, dont une partie essentielle sont les mots : « et moi, au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit, je vous pardonne tous vos péchés" ».

 

 

Le sujet de ce sacrement est tout baptisé ayant commis un péché après le Baptême.

 

2. Le lieu et le siège appropriés pour l’administration du sacrement de la Pénitence

Les normes concernant le lieu de la confession sont données par des Conférences Épiscopales respectives.

 

« Pour entendre les confessions sacramentelles, le lieu propre est l’église ou l’oratoire » (CIC, c. 964 § 1).

Il doit toujours y avoir, dans un endroit visible, des confessionnaux munis d’une grille fixe séparant le pénitent du confesseur et que les fidèles qui le désirent peuvent utiliser libre­ment ; l’on ne doit pas entendre de confessions en dehors du confessionnal, à moins d’une juste cause.

 

La grille a pour fonction de sauvegarder la discrétion nécessaire et de garantir le droit de tous les fidèles à confesser leurs péchés sans avoir à dévoiler nécessairement leur identité personnelle.

 

Pour une juste cause, le ministre du sacrement peut légitiment décider que la confession soit reçue dans le confessionnal même dans le cas où le pénitent demande qu'il agisse autrement.

 

Une norme élémentaire de prudence veut que les femmes se confessent dans un confessionnal muni d’une grille.

 

4. Les effets du sacrement de la Pénitence.

L’effet principal de ce sacrement est la réconciliation avec Dieu, et donc le pardon des péchés.

(cf. Catéchisme, 1468).  Dieu nous pardonne nos péchés mortels et les véniels, et nous confère et augmente la grâce sanctifiante.

Revêtez-vous du Seigneur Jésus-Christ, di­sait saint Paul aux Romains. — C’est dans le sacrement de la Pénitence que nous nous revêtons, toi et moi, de Jésus-Christ et de ses mérites. »

 

Le pardon de la faute et de la peine. Le retour dans l’état de grâce s’il avait été perdu.

Celui qui avait commis un péché mortel récupère  l’amitié avec Dieu — l’état de grâce —; la peine éternelle méritée à cause des péchés mortels est pardonnée intégralement, mais les peines temporelles qui sont les conséquences du péché ne sont pas toujours pardonnées complètement.

 

Les mérites

Les vertus infuses et les mérites pour les bonnes œuvres faites avant de commettre le péché mortel sont restitués.

 

La grâce sacramentelle

Le pénitent reçoit la grâce sacramentelle qui rend fort pour la lutte intérieure et aide à éviter les péchés à l’avenir.

La réception fréquente du sacrement de la Pénitence renforce toute la vie spirituelle.

 

Ce sacrement nous réconcilie avec l’Église.

 Catéchisme, 1469 : la réconciliation avec Dieu a comme conséquence, pour ainsi dire, d’autres réconciliations qui porteront remède à d’autres ruptures produites par le péché : le pénitent pardonné se réconcilie avec lui-même dans la profondeur de son être, où il récupère la propre vérité intérieure ; il se réconcilie avec les frères que de quelque manière il a offensé et blessé ; il se réconcilie avec l’Église ; il se réconcilie avec la création toute entière (RP 31).

 

la paix et la joie

La confession sacramentelle restitue la paix et la sérénité de la conscience et apporte la consolation spirituelle.

 

Saint Josémaria appelait la confession « le sacrement de la joie ».

 

5. Nécessité et utilité de la pénitence

Nécessité pour le pardon des péchés graves

 Pour ceux qui sont tombés après le baptême, ce sacrement de la Pénitence est aussi nécessaire que le baptême lui-même.

« Selon le commandement de l'Église " tout fidèle parvenu à l’âge de la discrétion doit confesser au moins une fois par an, les péchés graves dont il a conscience " (CIC, 989) » (Catéchisme, 1457).

« "Celui qui a conscience d’avoir commis un péché mortel ne doit pas recevoir la Sainte Communion, […], sans avoir préalablement reçu l’absolution sacramentelle, à moins qu’il n’ait un motif grave pour communier et qu’il ne lui soit possible d’accéder à un confesseur (Catéchisme, 1457) ; en ce cas, il n'oubliera pas qu'il est tenu par l'obligation de faire un acte de contrition parfaite, qui inclut la résolution de se confesser au plus tôt." (CIC, 916) »

 

6. La confession fréquente

L’Église a établi que tous les fidèles, dès qu’ils ont atteint l’usage de raison, doivent confesser leurs péchés graves au moins une fois l’an (cf. Catéchisme, 1457).

Ce précepte indique un minimum indispensable. Cependant si l’on veut mener une vie chrétienne sérieusement, il est nécessaire d’ordinaire d’avoir recours à la confession fréquente (cf. Catéchisme, 1458).

 

 « Sans être strictement nécessaire, la confession des fautes quotidiennes (péchés véniels) est néanmoins vivement recommandée par l’Église. En effet, la confession régulière de nos péchés véniels nous aide à former notre conscience, à lutter contre nos penchants mauvais, à nous laisser guérir par le Christ, à progresser dans la vie de l’Esprit. » (Catéchisme, 1458).

« Le recours fréquent et attentionné à ce sacrement est aussi très utile concernant les péchés véniels. En effet, il ne s'agit pas d'une simple répétition rituelle ni d'un certain exercice d'ordre psychologique, mais d'un effort constant pour perfectionner la grâce du Baptême, qui agit de telle sorte que nous nous conformions continuellement à la mort du Christ, en sorte que se manifeste également en nous la vie de Jésus ».

En outre, grâce à la confession fréquente, on peut avoir une direction spirituelle efficace.

 

7. La célébration du sacrement de la pénitence

« La confession individuelle et intégrale suivie de l'absolution sont toujours l'unique moyen ordinaire pour les fidèles de se réconcilier avec Dieu et avec l'Église, sauf en cas d'impossibilité physique ou morale qui dispense de ce mode de confession ».

« Le prêtre accueille le pénitent avec une charité fraternelle [...] Ensuite le pénitent fait le signe de la croix, en disant : « Au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit. Amen ». Le prêtre peut le faire en même temps. Ensuite le prêtre l’invite par une brève formule à exprimer sa confiance en Dieu ».

« Alors le prêtre, où le pénitent lui-même lit, si cela paraît opportun, un texte de la Sainte Écriture ; cette lecture peut se faire également pendant la préparation du sacrement. Par la parole de Dieu le chrétien est illuminé pour connaître ses péchés et est appelé à la conversion et à la confiance en la miséricorde de Dieu ».

« Ensuite le pénitent confesse ses péchés ». Le prêtre l’exhorte au repentir, lui donne les conseils opportuns pour commencer une nouvelle vie et impose la pénitence. « Ensuite le pénitent manifeste sa contrition et sa résolution de mener une vie nouvelle en prononçant une formule de prière, par laquelle il implore le pardon de Dieu le Père ». Ensuite le prêtre lui donne l'absolution.

Une fois reçue l'absolution, le pénitent peut proclamer la miséricorde de Dieu et lui rendre grâce par une brève formule tirée de la Sainte Écriture, ou bien le prêtre récite une formule de louange à Dieu et d’envoi du pénitent.

«Le sacrement de la Pénitence peut aussi avoir lieu dans le cadre d’une célébration communautaire, dans laquelle on se prépare ensemble à la confession et on rend grâce ensemble pour le pardon reçu. Ici, la confession personnelle des péchés et l’absolution individuelle sont insérées dans une liturgie de la Parole de Dieu, avec lectures et homélie, examen de conscience mené en commun, demande communautaire du pardon, prière du " Notre Père " et action de grâce en commun » (Catéchisme, 1482).

Les normes concernant le lieu de la confession sont données par des Conférences Épiscopales respectives, lesquelles doivent garantir qu'elle ait lieu dans un « endroit bien visible » et que le confessionnal soit « muni d’une grille fixe» « dont les fidèles et les prêtres qui le désirent puissent librement user.». « Les confessions ne seront pas entendues en dehors du confessionnal, à moins d'une juste cause » CIC, canon 964, § 3.

 

8. Les indulgences

Qu’est-ce que l’indulgence ?

" L’indulgence est la rémission devant Dieu de la peine temporelle due pour les péchés dont la faute est déjà effacée, rémission que le fidèle bien disposé obtient à certaines conditions déterminées, par l’action de l’Église, laquelle, en tant que dispensatrice de la rédemption, distribue et applique par son autorité le trésor des satisfactions du Christ et des saints " (Paul VI, const. ap. " Indulgentiarum doctrina ", Norme 1).

 

" L’indulgence est partielle ou plénière, selon qu’elle libère partiellement ou totalement de la peine temporelle due pour le péché " (ibid, Norme 2).

 

" Tout fidèle peut gagner des indulgences pour soi-même ou les appliquer aux défunts " (CIC, can. 994).

 

Les peines du péché

1472 Pour comprendre cette doctrine et cette pratique de l’Église il faut voir que le péché a une double conséquence.

 

Le péché grave nous prive de la communion avec Dieu, et par là il nous rend incapables de la vie éternelle, dont la privation s’appelle la " peine éternelle " du péché.

 

D’autre part, tout péché, même véniel, entraîne un attachement malsain aux créatures, qui a besoin de purification, soit ici-bas, soit après la mort, dans l’état qu’on appelle Purgatoire.

Cette purification libère de ce qu’on appelle la " peine temporelle " du péché.

 

Ces deux peines ne doivent pas être conçues comme une espèce de vengeance, infligée par Dieu de l’extérieur, mais bien comme découlant de la nature même du péché.

 

Une conversion qui procède d’une fervente charité, peut arriver à la totale purification du pécheur, de sorte qu’aucune peine ne subsisterait

 

CEC 1473 Le pardon du péché et la restauration de la communion avec Dieu entraînent la remise des peines éternelles du péché.

Mais des peines temporelles du péché demeurent. Le chrétien doit s’efforcer, en supportant patiemment les souffrances et les épreuves de toutes sortes et, le jour venu, en faisant sereinement face à la mort, d’accepter comme une grâce ces peines temporelles du péché ; il doit s’appliquer, par les œuvres de miséricorde et de charité, ainsi que par la prière et les différentes pratiques de la pénitence, à se dépouiller complètement du " vieil homme " et à revêtir " l’homme nouveau " (cf. Ep 4, 24).

 

Dans la communion des saints

CEC 1474 Le chrétien qui cherche à se purifier de son péché et à se sanctifier avec l’aide de la grâce de Dieu ne se trouve pas seul.

 

" La vie de chacun des enfants de Dieu se trouve liée d’une façon admirable, dans le Christ et par le Christ, avec la vie de tous les autres frères chrétiens, dans l’unité surnaturelle du Corps mystique du Christ, comme dans une personne mystique " (Paul VI, const. ap. " Indulgentiarum doctrina " 5).

 

1475 Dans la communion des saints " il existe donc entre les fidèles – ceux qui sont en possession de la patrie céleste, ceux qui ont été admis à expier au purgatoire ou ceux qui sont encore en pèlerinage sur la terre – un constant lien d’amour et un abondant échange de tous biens " (ibid.).

Dans cet échange admirable, la sainteté de l’un profite aux autres, bien au-delà du dommage que le péché de l’un a pu causer aux autres. Ainsi, le recours à la communion des saints permet au pécheur contrit d’être plus tôt et plus efficacement purifié des peines du péché.

 

CEC 1476 Ces biens spirituels de la communion des saints, nous les appelons aussi le trésor de l’Église.

 

CEC 1477 " Appartiennent également à ce trésor le prix vraiment immense, incommensurable et toujours nouveau qu’ont auprès de Dieu les prières et les bonnes œuvres de la bienheureuse Vierge Marie et de tous les saints qui se sont sanctifiés par la grâce du Christ, en marchant sur ses traces, et ont accompli une œuvre agréable au Père, de sorte qu’en travaillant à leur propre salut, ils ont coopéré également au salut de leurs frères dans l’unité du Corps mystique " (Paul VI, const. ap. " Indulgentiarum doctrina " 5).

 

CEC 1479 Puisque les fidèles défunts en voie de purification sont aussi membres de la même communion des saints, nous pouvons les aider entre autres en obtenant pour eux des indulgences, de sorte qu’ils soient acquittés des peines temporelles dues pour leurs péchés.

 

Les conditions pour les gagner

Pour gagner des indulgences il faut : avoir l’intention de les gagner ; accomplir l’œuvre prescrite ; être en état de grâce.

 

Pour obtenir une indulgence plénière, il faut réunir les conditions suivantes, en plus d’accomplir l’œuvre prescrite : la confession sacramentelle, la communion eucharistique, la prière aux intentions du Pontife romain, et ne pas être attaché consciemment au péché véniel.

Si ne sont pas remplies les conditions indiquées ci-dessus l’'indulgence sera seulement partielle

 

9. Les caractéristiques d’une bonne Confession

L’examen de conscience préalable

 

La confession des péchés doit être :

— concrète ; concise ; claire ; complète.

Il convient spécialement de faire une confession générale lorsque l’on pense que certaines confessions antérieures ont été invalides

 

 Celui qui ne confesse habituellement que des péchés véniels, doit susciter en lui une véritable douleur de ces péchés. S’il n’y avait pas de douleur, la matière proche manquerait, et le sacrement pourrait être invalide.

 

Après avoir reçu l’absolution sacramentelle, le pénitent doit montrer sa reconnaissance à la miséricorde divine par le pardon reçu, accomplir dès que possible la pénitence imposée par le confesseur, et s’efforcer de mettre en pratique les conseils qu’il lui a donnés. Pour sa lutte ascétique il compte avec l’aide spéciale de la grâce sacramentelle.


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