06 mars, 2020

Heureux les pauvres de cœur, car le Royaume des cieux est à eux

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Audience du pape François 5 février 2020 « Une pauvreté au service de la liberté »

Le texte adapté est entre < >
Chers frères et sœurs, bonjour !
Nous abordons aujourd’hui la première des huit Béatitudes de l’Évangile de Matthieu.
 Jésus commence à proclamer son chemin du bonheur par une annonce paradoxale : « Heureux les pauvres de cœur, car le Royaume des cieux est à eux » (5,3).
Une voie surprenante et un étrange objet de béatitude : la pauvreté.
Nous devons nous demander : qu’est-ce qu’on entend ici par « pauvres » ? Si Matthieu n’employait que ce mot, il aurait simplement une signification économique, c’est-à-dire qu’il indiquerait les personnes qui ont peu ou qui n’ont pas du tout de moyens de subsistance et qui ont besoin de l’aide des autres.
Mais l’Évangile de Matthieu, à la différence de celui de Luc, parle de « pauvres de cœur ». Que veut-il dire ?
L’esprit (en français : le cœur) selon la Bible, est le souffle de la vie que Dieu a communiqué à Adam ; c’est notre dimension la plus intime, disons la dimension spirituelle, la plus intime, celle qui fait de nous des personnes humaines, le noyau profond de notre être.
Alors les « pauvres de cœur » sont ceux qui sont et qui se sentent pauvres, mendiants, dans l’intime de leur être. Jésus les proclame heureux, parce que c’est à eux qu’appartient le Royaume des cieux.

Combien de fois nous a-t-on dit le contraire ! Il faut être quelque chose dans la vie, être quelqu’un… Il faut se faire un nom… C’est de là que nait la solitude et la tristesse : si je dois être « quelqu’un », je suis en compétition avec les autres et je vis dans la préoccupation obsessionnelle de mon ego.
Si je n’accepte pas d’être pauvre, je prends en haine tout ce qui me rappelle ma fragilité. Parce que cette fragilité m’empêche de devenir une personne importante, un riche non seulement d’argent, mais de réputation, de tout.

Toute personne, face à elle-même, sait bien que, quel que soit le mal qu’elle se donne, elle reste toujours radicalement incomplète et vulnérable. Il n’existe pas de maquillage pour couvrir cette vulnérabilité. Chacun de nous est vulnérable, à l’intérieur. Il doit voir où.

Mais…, comme on vit mal, si l’on ne reconnaît pas ses propres limites ! On vit mal.

Les personnes orgueilleuses ne demandent pas d’aide, ne peuvent pas demander d’aide, il ne leur vient pas à l’esprit de demander de l’aide parce qu’elles doivent montrer qu’elles sont auto-suffisantes. Et combien parmi elles ont besoin d’aide, mais l’orgueil empêche de demander de l’aide.

Et comme il est difficile d’admettre une erreur et de demander pardon ! Quand je donne un conseil aux jeunes époux, qui me demandent comment bien vivre leur mariage, je leur dis : « Il y a trois mots magiques : s’il te plaît, merci, excuse-moi ». Ce sont des mots qui viennent de la pauvreté de coeur.

Il ne faut pas être envahissant, mais demander la permission : « Que penses-tu ? », ainsi il y a un dialogue en famille, l’épouse et l’époux dialoguent. « Tu as fait cela pour moi, merci, j’en avais besoin ».
Et puis on fait toujours des erreurs, on glisse : « Excuse-moi ! ». Les couples, les jeunes ménages, ceux qui viennent ici et ils sont nombreux, me disent : « Le troisième est le plus difficile », s’excuser, demander pardon. Parce que l’orgueilleux n’y arrive pas. Il ne peut pas s’excuser : il a toujours raison. Il n’est pas pauvre de cœur.
En revanche, le Seigneur ne se lasse jamais de pardonner ; c’est nous qui nous lassons de demander pardon. La fatigue de demander pardon : c’est une mauvaise maladie !

Pourquoi est-il difficile de demander pardon ? Parce que cela humilie notre image hypocrite. Et pourtant, vivre en cherchant à occulter nos propres carences est fatigant et angoissant. Jésus-Christ nous dit : être pauvre est une occasion de grâce : Nous avons reçu un cœur pauvre, parce que c’est là le chemin du Royaume de Dieu.

Alors, nous ne devons pas nous « transformer » pour devenir pauvres de cœur, nous ne devons faire aucune transformation parce que nous le sommes déjà ! Nous avons besoin de tout. Nous sommes tous pauvres de cœur, nous sommes des mendiants. C’est la condition humaine.

Le Royaume de Dieu appartient aux pauvres de cœur.
Les royaumes de ce monde, malgré leurs biens et leur confort, ce sont des royaumes qui prennent fin.
Le pouvoir des hommes, même les empires les plus grands, passent et disparaissent. Nous voyons si souvent aux nouvelles télévisées ou dans les journaux que tel gouvernant fort, puissant, ou tel gouvernement qui existait hier et qui n’existe plus aujourd’hui, est tombé. Les richesses de ce monde passent, même l’argent. Je n’ai jamais vu, derrière un cortège funèbre, un camion pour le déménagement : personne n’emporte rien avec soi. Ces richesses restent ici.

Règne vraiment celui qui sait aimer le véritable bien. Et c’est cela, le pouvoir de Dieu. <Le vrai amour consiste à donner>.

En quoi le Christ s’est-il montré puissant ? Parce qu’il a su faire ce que les rois de la terre ne font pas : donner sa vie pour les hommes. Et c’est cela, le vrai pouvoir. Le pouvoir de la fraternité, le pouvoir de la charité, le pouvoir de l’amour, le pouvoir de l’humilité. Voilà ce qu’a fait le Christ.

C’est en cela qu’est la vraie liberté <la liberté pour aimer, la liberté pour donner> : celui qui a ce pouvoir de l’humilité, du service, de la fraternité est libre. <Il sait aimer>.

La pauvreté dont les Béatitudes font l’éloge est au service de cette liberté. <Car nous avons besoin d’apprendre à donner>.

Parce qu’il y a une pauvreté que nous devons accepter, celle de notre être <qui ne sait pas aimer suffisamment>, et une pauvreté que nous devons, en revanche, chercher, <le détachement> la pauvreté concrète des choses de ce monde, pour être libres et pouvoir aimer.

Nous devons toujours chercher la liberté du cœur, <un cœur qui sache aimer>, celle qui plonge ses racines dans la pauvreté de notre être. <La liberté de pouvoir apprendre toujours à donner davantage, comme Dieu donne>.

 

2 commentaires:

Unknown a dit…

Oui nous sommes pauvres de par notre nature, Oui j'ai envi de dire heureusement que nous sommes pauvres ! sinon on serait étranger à la plénitude de l'amour en Jésus-Christ. C'est la que l'apôtre Paul dit dans l'un de ses épitres: 2 Corinthiens, 12:10 - C`est pourquoi je me plais dans les faiblesses, dans les outrages, dans les calamités, dans les persécutions, dans les détresses, pour Christ; car, quand je suis faible, c`est alors que je suis fort.
C'est une réelle force de se savoir faible lorsqu'On a le plus fort qui se propose en maître de notre vie.

Blao grana j'adhère à ta pensée car elle est biblique et donc vrai.

abbé Quirós a dit…

C'est qui ?