05 mars, 2020

« Heureux ceux qui pleurent, car ils seront consolés »


Chers frères et soeurs, bonjour !

Nous avons entrepris le voyage des Béatitudes et aujourd’hui, nous nous arrêtons sur la seconde : Heureux ceux qui pleurent, car ils seront consolés.
 <Le texte a été un peu modifié en français facile>
Dans la langue grecque, dans laquelle est écrit l’Évangile, cette béatitude est exprimée à la forme active : « s’affligent » ; ils pleurent, dans le sens qu'ils provoquent les pleures dans leurs âmes.

C’est une attitude qui est devenue centrale dans la spiritualité chrétienne et que les pères du désert, les premiers moines de l’histoire, appelaient « penthos », c’est-à-dire une douleur intérieure
Une douleur qui ouvre la porte  à une double relation : une relation renouvelée avec le Seigneur et une relation renouvelée avec son prochain.


Dans les Écritures, la deuxième relation (avec le prochain) naît de la souffrance à cause de la mort, de la maladie ou des peines de quelqu’un.

La première relation naît de sa propre peine.
Ce sont les larmes à cause du péché (de son propre péché), quand le coeur saigne de la douleur d’avoir offensé Dieu et le prochain.
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Il s’agit donc d’aimer l’autre de telle manière qu’on se lie à lui ou à elle jusqu’à partager sa douleur.
Il y a des personnes qui restent distantes, un pas en arrière.
Non ! Il est important pour nous que les souffrances des autres puissent ouvrir une brèche dans notre coeur.

J’ai souvent parlé du don des larmes et dit combien il est précieux.
Cf. Exhort. ap. Christus vivit, 76 ; Discours aux jeunes de l’Université S. Tomas, Manille, 18 janvier 2015 ; Homélie du mercredi des cendres, 18 février 2015

Peut-on aimer de manière froide ? Peut-on aimer par par devoir ? Sûrement pas.
Il y a des personnes à réveiller, qui ont un coeur de pierre et qui ont oublié comment on pleure.
Il faut aussi réveiller les gens qui ne savent pas se laisser émouvoir par la douleur d’autrui.

Le deuil, par exemple, est un chemin amer, mais il peut être utile pour ouvrir les yeux sur la vie et sur la valeur sacrée et irremplaçable de toute personne et, à ce moment-là, on réalise combien le temps est bref.
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Il y a une seconde signification de cette béatitude: pleurer son péché.

Ici, il faut distinguer : il y a ceux qui sont en colère parce qu’ils ont fait une erreur. Mais cela, c’est de l’orgueil.
En revanche, il y a ceux qui pleurent le mal qu’ils ont commis, le bien qu’ils ont omis, la trahison de leur relation avec Dieu.

On pleure parce qu’on ne correspond pas au Seigneur qui nous aime tant, et la pensée du bien que l’on n’a pas fait nous attriste ; cela, c’est le sens du péché.

« J’ai blessé celui que j’aime » et cela les fait souffrir à en verser des larmes. Que Dieu soit béni si ces larmes viennent !

C’est la question sur nos propres péchés.
Question difficile mais vitale.

Pensons aux pleurs de saint Pierre, qui le conduiront à un amour nouveau et bien plus vrai : ce sont des larmes qui purifient, qui renouvellent.
Pierre a regardé Jésus et a pleuré : son coeur a été renouvelé.
À la différence de Juda, qui n’a pas accepté de s’être trompé et, le pauvre, il s’est suicidé.

Découvrir son péché et comprendre sa malice est un don de Dieu, c’est une oeuvre de l’Esprit Saint.

Tout seuls, nous ne pouvons pas comprendre la gravité du péché. C’est une grâce à demander. Seigneur, que je comprenne le mal que j’ai fait ou que je peux faire.

C’est un très grand don et une fois que l’on a compris cela, viennent les larmes du repentir.

L’un des premiers moines, Éphrem le Syrien affirme qu’un visage lavé par les larmes est indiciblement beau (cf. Discours ascétique).
La beauté du repentir, la beauté des pleurs, la beauté de la contrition !

Comme toujours, la vie chrétienne trouve sa meilleure expression dans la miséricorde de Dieu.
Celui qui pleure recevra la consolation de l’Esprit Saint, qui est la tendresse de Dieu qui pardonne et corrige. Dieu pardonne toujours : n’oublions pas cela. Dieu pardonne toujours, même les péchés les plus graves, toujours.
Le problème est en nous, car nous nous lassons de demander pardon, nous nous refermons sur nous-mêmes et ne demandons pas le pardon. C’est le problème ; mais lui, il est là pour pardonner.

Si nous gardons toujours présent à l’esprit que Dieu « ne nous traite pas selon nos péchés et ne nous rend pas selon nos fautes » (Ps 103, 10), nous vivons dans la miséricorde de Dieu et dans la compassion envers le prochain, et l’amour de Dieu apparaît en nous.
Que le Seigneur nous accorde d’aimer en abondance, d’aimer avec le sourire,  avec le service et aussi avec les larmes.
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