6 octobre 2025.
Lundi de la semaine 27 du temps ordinaire.
Saint Bruno
Luc 10, 25-37 :
L'enseignement principal de Luc 10, 25-37, qui contient
la parabole du Bon Samaritain, est que le véritable prochain est toute
personne dans le besoin que nous rencontrons, et que l'amour du prochain
doit se manifester par une miséricorde concrète et agissante qui dépasse
les frontières ethniques ou religieuses. L'amour
de Dieu est inséparable de l'amour du prochain.
Enseignement Principal de Luc 10, 25-37
Le passage commence par un docteur de la Loi qui demande
à Jésus : "Que dois-je faire pour avoir en héritage la vie éternelle
?" (v. 25). Après avoir confirmé les deux grands commandements (aimer Dieu
et le prochain), l'homme pose la question centrale : "Et qui est mon
prochain ?" (v. 29).
Jésus y répond par la parabole du Bon Samaritain, dont
les points clés sont :
L'élargissement du "prochain" : Pour le
docteur de la Loi, le "prochain" était généralement compris comme un
compatriote ou un coreligionnaire. Jésus renverse cette perspective en montrant
que le prochain est celui qui fait preuve de pitié (le
Samaritain) et, par extension, celui qui est dans le besoin, même s'il
est un étranger ou un ennemi potentiel (l'homme laissé pour mort).
La Miséricorde en Action : Le prêtre et le
Lévite, des figures religieuses censées connaître et pratiquer la Loi, passent
à côté de l'homme blessé, privilégiant peut-être la pureté rituelle ou leur
propre sécurité. Le Samaritain, considéré comme impur par les Juifs, est le
seul à être ému de compassion et à agir concrètement, au péril de son
temps et de son argent.
L'Impératif : "Va, et toi, fais de même" : La
conclusion de Jésus est une injonction à agir (v. 37). La vie éternelle
n'est pas obtenue par une simple connaissance de la Loi, mais par sa mise en
pratique, qui se traduit par la charité et la miséricorde envers
ceux qui souffrent, sans distinction.
Rapport Éventuel avec Jonas 1, 1 - 2, 1 (1ère
lecture de la Messe de ce lundi).
Bien qu'il n'y ait pas de lien direct ou d'allusion
croisée explicite, un rapport thématique important peut être établi entre le
message de Luc 10, 25-37 et l'attitude initiale de Jonas : l'échec à avoir
de la compassion pour l'étranger ou l'ennemi.
Dans les deux cas, le cœur du problème réside dans le refus
d'étendre la compassion à ceux qui sont considérés comme
"l'Autre", que ce soit un individu (le Samaritain aidé par le
Samaritain) ou tout un peuple (les Ninivites pour Jonas). La parabole de Luc
est l'antithèse de la fuite de Jonas : elle est un appel à aller vers
l'autre (même l'ennemi) par compassion, tandis que Jonas s'enfuit
délibérément pour ne pas avoir à s'occuper de son ennemi.
Saint Bruno le Chartreux (v. 1030-1101) est une figure
majeure de l'histoire du monachisme chrétien. Il est surtout connu comme le fondateur
de l'Ordre des Chartreux, un ordre monastique caractérisé par une vie de
solitude et de stricte contemplation.
Voici un aperçu de sa vie et de ses enseignements
principaux :
I. Vie de Saint Bruno
1. Le Professeur Éminent (Cologne et Reims)
Origines et Formation : Né à Cologne
(Allemagne) vers 1030, Bruno reçoit une éducation solide. Il étudie à l'école
cathédrale de Reims, alors l'une des plus prestigieuses de son temps.
Écolâtre de Reims : Vers 1056, il
est nommé recteur des études (écolâtre) de l'école de Reims, une
fonction très honorée. Pendant près de vingt ans, il excelle en théologie et en
lettres, formant de nombreux élèves qui témoigneront de sa haute qualité
pédagogique et de sa grande intégrité spirituelle.
Conflit et Rupture : Bruno s'engage
dans une lutte contre l'archevêque de Reims, Manassès de Gournay, un prélat
indigne et simoniaque (qui a acheté sa charge). Après la déposition de Manassès
en 1080, on lui offre la succession, mais Bruno refuse cette carrière
ecclésiastique publique. Ce rejet des honneurs marque un tournant, car il
ressent un vide et une soif d'absolu qui ne peuvent être comblés
par le monde.
2. Le Fondateur d'Ermitage (La Grande Chartreuse)
Le Départ : Vers 1084, à l'âge d'environ 54
ans, Bruno abandonne sa carrière prestigieuse. Avec six compagnons, il cherche
une solitude profonde pour se consacrer entièrement à Dieu.
La Fondation : L'évêque Hugues de Grenoble leur
indique un lieu isolé dans le massif montagneux de la Chartreuse (près de
Grenoble, France). C'est là que Bruno et ses compagnons s'établissent, fondant
le premier ermitage de l'Ordre, aujourd'hui connu sous le nom de Grande
Chartreuse. Leur mode de vie allie la solitude de l'ermite (chaque
moine vit seul dans sa cellule/maisonnette) à un minimum de vie commune
(pour les offices et les repas du dimanche).
3. Les
Dernières Années (Calabre)
Conseiller du Pape : En 1090, le pape
Urbain II, un de ses anciens élèves à Reims, le convoque à Rome pour lui servir
de conseiller. Bruno obéit, mais l'agitation de la Curie et la vie publique ne
lui conviennent pas.
Retour à la Solitude : Dès qu'il le
peut, après avoir refusé l'archevêché de Reggio, Bruno obtient la permission du
pape de se retirer. Il fonde un nouvel ermitage dans la forêt de La Torre en
Calabre (Italie du Sud). Il y meurt en paix le 6 octobre 1101, dans la solitude
et la contemplation qu'il avait tant désirées.
II. Enseignements et Spiritualité de Saint Bruno
Saint Bruno n'a pas laissé de règle monastique écrite
(celle-ci sera formalisée par ses successeurs), ni de grand traité théologique.
Son enseignement se résume à l'exemple de sa vie et se trouve dans l'esprit
de l'Ordre qu'il a fondé.
1. La Vie Contemplative en Solitude
L'enseignement fondamental de Bruno est que la solitude
et le silence sont le chemin privilégié vers l'union à Dieu.
L'Union au Divin : Dans la solitude
de la cellule, l'âme s'unit au Verbe de Dieu, l'épouse à l'Époux, la terre au
ciel.
« Ce que la solitude et le silence du désert apportent
d'utilité et de divine jouissance à ceux qui les aiment, ceux-là seuls le
savent, qui en ont fait l'expérience. »
Le Regard de l'Âme : L'isolement vise
à « acquérir cet œil dont la pureté donne de voir Dieu » (Statuts I. 4.1). La
solitude est le moyen d'atteindre la pureté du cœur nécessaire à la
contemplation.
2. L'Équilibre et la Simplicité
L'Ordre cartusien est fondé sur un idéal de simplicité et
de mesure, loin des extrêmes. Les
témoignages de l'époque décrivent Bruno comme :
Un homme d'égalité : « Homme à la vie
d'une très grande égalité... Toujours, il avait le visage en fête, et la parole
mesurée. » (Guibert de
Nogent).
La douceur : Il manifestait des « entrailles de
mère » et était « doux comme un agneau ».
Son enseignement est celui d'une contemplation joyeuse
(il décrivait sa vie en Calabre comme une « fête perpétuelle où déjà l'on
savoure les fruits du ciel ») et intégrale, qui s'appuie sur :
La pauvreté et l'austérité comme supports.
La lecture et la méditation assidue de l'Écriture (il a
lui-même rédigé des commentaires sur les Psaumes et les épîtres de Paul).
3. La Prière d'Intercession
Bien que séparés du monde, les Chartreux se considèrent
unis à tous par la prière :
« Séparés de tous, nous sommes unis à tous car c'est au
nom de tous que nous nous tenons en présence du Dieu vivant. » (Statuts).
La vie cachée de Bruno et de ses moines est un témoignage
constant que la prière contemplative est le service le plus essentiel
rendu à l'Église et au monde. Son existence entière est un appel au renoncement
au monde et au don radical à Dieu seul.



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