La virginité de Marie
496 Dès les premières formulations de la foi, l’Église a confessé que Jésus a
été conçu par la seule puissance du Saint-Esprit dans le sein de la Vierge
Marie, affirmant aussi l’aspect corporel de cet événement : Jésus a été conçu
" de l’Esprit Saint sans semence virile " (Cc. Latran en 649).
Les Pères voient dans la conception virginale le signe que c’est vraiment
le Fils de Dieu qui est venu dans une humanité comme la nôtre :
Ainsi, S. Ignace d’Antioche (début IIe siècle) :
" Vous êtes fermement convaincus au sujet de notre Seigneur qui est
véritablement de la race de David selon la chair (cf. Rm 1, 3), Fils de Dieu
selon la volonté et la puissance de Dieu (cf. Jn 1, 13), véritablement né d’une vierge, (...) il a été véritablement cloué
pour nous dans sa chair sous Ponce Pilate (...) il a véritablement souffert,
comme il est aussi véritablement ressuscité " (Smyrn. 1-2).
497 Les récits évangéliques (cf. Mt 1, 18-25 ; Lc 1,
26-38) comprennent la conception virginale comme une œuvre divine qui dépasse
toute compréhension et toute possibilité humaines (cf. Lc 1, 34) : " Ce
qui a été engendré en elle vient de l’Esprit Saint ", dit l’ange à Joseph
au sujet de Marie, sa fiancée (Mt 1, 20).
L’Église y voit l’accomplissement de la promesse divine donnée par le
prophète Isaïe : " Voici que la vierge concevra et enfantera un fils
" (Is 7, 14, d’après la traduction grecque de Mt 1, 23).
498 On a été parfois troublé par le silence de
l’Évangile de S. Marc et des Épîtres du Nouveau Testament sur la conception
virginale de Marie.
On a aussi pu se demander s’il ne s’agissait pas ici de légendes ou de
constructions théologiques sans prétentions historiques.
A quoi il faut répondre : La foi en la conception virginale de Jésus a
rencontré vive opposition, moqueries ou incompréhension de la part des
non-croyants, juifs et païens (cf. S. Justin, dial. 66, 67 ; Origène, Cels. 1,
32. 69 ; e.a.) : elle n’était pas motivée par la mythologie païenne ou par
quelque adaptation aux idées du temps.
Le sens de cet événement n’est accessible qu’à la foi qui le voit dans ce
" lien qui relie les mystères entre eux ", dans l’ensemble des
mystères du Christ, de son Incarnation à sa Pâque.
S. Ignace d’Antioche témoigne déjà de ce lien : " Le prince de ce
monde a ignoré la virginité de Marie et son enfantement, de même que la mort du
Seigneur : trois mystères retentissants qui furent accomplis dans le silence de
Dieu " (Eph. 19, 1 ; cf. 1 Co 2, 8).
Marie – " toujours Vierge "
499 L’approfondissement de sa foi en la maternité
virginale a conduit l’Église à confesser la virginité réelle et perpétuelle de
Marie même dans l’enfantement du Fils de Dieu fait homme.
En effet la naissance du Christ " n’a pas diminué, mais consacré
l’intégrité virginale " de sa mère (LG 57).
La liturgie de l’Église célèbre Marie comme la Aeiparthenos, "
toujours vierge " (cf. LG 52).
500 A cela on objecte parfois que l’Écriture mentionne
des frères et sœurs de Jésus (cf. Mc 3, 31-35 ; 6, 3 ; 1 Co 9, 5 ; Ga 1, 19).
L’Église a toujours compris ces passages comme ne désignant pas d’autres
enfants de la Vierge Marie : en effet Jacques et Joseph, " frères de Jésus
" (Mt 13, 55), sont les fils d’une Marie disciple du Christ (cf. Mt 27,
56) qui est désignée de manière significative comme " l’autre Marie "
(Mt 28, 1). Il s’agit de proches parents de Jésus, selon une expression connue
de l’Ancien Testament (cf. Gn 13, 8 ; 14, 16 ; 29, 15 ; etc.).
501 Jésus est le Fils unique de Marie. Mais la
maternité spirituelle de Marie (cf. Jn 19, 26-27 ; Ap 12, 17) s’étend à tous
les hommes qu’il est venu sauver : " Elle engendra son Fils, dont Dieu a
fait ‘l’aîné d’une multitude de frères’ (Rm 8, 29), c’est-à-dire de croyants, à
la naissance et à l’éducation desquels elle apporte la coopération de son amour
maternel " (LG 63).
La maternité virginale de Marie dans le dessein de Dieu
502 Le regard de la foi peut découvrir, en lien avec
l’ensemble de la Révélation, les raisons mystérieuses pour lesquelles Dieu,
dans son dessein salvifique, a voulu que son Fils naisse d’une vierge. Ces
raisons touchent aussi bien la personne et la mission rédemptrice du Christ que
l’accueil de cette mission par Marie pour tous les hommes :
503 La virginité de Marie manifeste l’initiative
absolue de Dieu dans l’Incarnation.
Jésus n’a que Dieu comme Père (cf. Lc 2, 48-49). " La nature humaine
qu’il a prise ne l’a jamais éloigné du Père (...) ; naturellement Fils de son
Père par sa divinité, naturellement fils de sa mère par son humanité, mais
proprement Fils de Dieu dans ses deux natures " (Cc. Frioul en 796).
504 Jésus est conçu du Saint-Esprit dans le sein de la
Vierge Marie parce qu’il est le Nouvel Adam (cf. 1 Co 15, 45) qui
inaugure la création nouvelle : " Le premier homme, issu du sol, est
terrestre ; le second homme, lui, vient du ciel " (1 Co 15, 47).
L’humanité du Christ est, dès sa conception, remplie de l’Esprit Saint car
Dieu " lui donne l’Esprit sans mesure " (Jn 3, 34). C’est de "
sa plénitude " à lui, tête de l’humanité rachetée (cf. Col 1, 18), que
" nous avons reçu grâce sur grâce " (Jn 1, 16).
505 Jésus, le Nouvel Adam, inaugure par sa conception
virginale la nouvelle naissance des enfants d’adoption dans l’Esprit
Saint par la foi.
" Comment cela se fera-t-il ? " (Lc 1, 34 ; cf. Jn 3, 9). La
participation à la vie divine ne vient pas " du sang, ni du vouloir de
chair, ni du vouloir d’homme, mais de Dieu " (Jn 1, 13).
L’accueil de cette vie est virginal car celle-ci est entièrement donnée par
l’Esprit à l’homme. Le sens sponsal de la vocation humaine par rapport à Dieu
(cf. 2 Co 11, 2) est accompli parfaitement dans la maternité virginale de
Marie.
506 Marie est vierge parce que sa virginité est le
signe de sa foi " que nul doute n’altère " (LG 63) et de sa
donation sans partage à la volonté de Dieu (cf. 1 Co 7, 34-35).
C’est sa foi qui lui donne de devenir la mère du Sauveur : "
Bienheureuse Marie, plus encore parce qu’elle a reçu la foi du Christ que parce
qu’Elle a conçu la chair du Christ " (S. Augustin, virg. 3 : PL 40, 398).
507 Marie est à la fois vierge et mère car elle est la
figure et la plus parfaite réalisation de l’Église (cf. LG 63) : "
L’Église devient à son tour une Mère, grâce à la parole de Dieu qu’elle reçoit
dans la foi : par la prédication en effet, et par le Baptême elle engendre, à
une vie nouvelle et immortelle, des fils conçus du Saint-Esprit et nés de Dieu.
Elle est aussi vierge, ayant donné à son Époux sa foi, qu’elle garde intègre et
pure " (LG 64).

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