PAPE FRANÇOIS
AUDIENCE GÉNÉRALE
Place
Saint-Pierre
Mercredi 8 novembre 2023
Catéchèse - La passion pour l’évangélisation : le zèle
apostolique du croyant - 25. Madeleine Delbrêl. La joie de la foi parmi
les non-croyants
Chers frères et sœurs, bonjour !
Au nombre des témoins de la passion pour l'annonce de l'Évangile, ces
évangélisateurs passionnés, aujourd'hui je présente la figure d'une femme
française du XXe siècle, la vénérable servante de Dieu
Madeleine Delbrêl.
Née en 1904 et décédée en 1964, elle
a été assistante sociale, écrivaine et mystique, elle a vécu pendant plus de
trente ans dans les banlieues pauvres et ouvrières de Paris.
Eblouie par sa rencontre avec le
Seigneur, elle écrit : "Quand nous avons connu la parole de Dieu, nous
n'avons pas le droit de ne pas la recevoir ; quand nous l'avons reçue, nous
n'avons pas le droit de ne pas la laisser s'incarner en nous ; quand elle s'est
incarnée en nous, nous n'avons pas le droit de la garder pour nous : dès lors,
nous appartenons à ceux qui l'attendent".
Beau : beau ce qu’elle écrit...
Après une adolescence vécue dans l'agnosticisme, - elle ne croyait en rien
- à vingt ans environ Madeleine rencontre le Seigneur, frappée par le
témoignage d'amis croyants.
Elle se met alors à la recherche de
Dieu, laissant s’exprimer une soif profonde qu'elle ressentait en elle, et
comprend que le "vide qui criait dans son angoisse" c’était Dieu qui
la cherchait.
La joie de la foi l'a conduite à mûrir un choix de vie entièrement donnée à
Dieu, au cœur de l'Église et au cœur du monde, partageant simplement en
fraternité la vie des "gens de la rue". Poétiquement elle
s’'adressait à Jésus, ainsi : « Pour être avec Toi sur Ton chemin, nous
devons partir, même quand notre paresse nous supplie de rester. Tu nous as choisis
pour être dans un équilibre étrange, un équilibre qui ne peut s'établir et se
maintenir que dans le mouvement, que dans l'élan. Un peu comme une bicyclette,
qui ne peut tenir debout sans rouler [...] Nous ne pouvons tenir debout qu'en
avançant, en se déplaçant, dans un élan de charité ». C'est ce qu'elle appelle
la "spiritualité de
la bicyclette". Ce n'est qu'en se mettant en route, en marchant que
nous vivons dans l'équilibre de la foi, qui est un déséquilibre, mais c'est
comme ça : comme la bicyclette. Si tu t’arrêtes, elle ne tient pas.
Madeleine avait le cœur constamment en éveil et se laisse interpeller par
le cri des pauvres. Elle comprenait que le Dieu vivant de l'Évangile devait
brûler en nous jusqu'à ce que nous ayons porté son nom à ceux qui ne l'ont pas
encore trouvé. Dans cet esprit, tournée vers l'agitation du monde et le cri des
pauvres, Madeleine se sent appelée à "vivre entièrement et à la lettre
l'amour de Jésus, depuis l'huile du Bon Samaritain jusqu'au vinaigre du
Calvaire, lui rendant ainsi amour pour amour [...] afin qu'en l'aimant sans
réserve et en se laissant aimer jusqu'au bout, les deux grands commandements de
la charité s'incarnent en nous et n'en fassent plus qu'un".
Enfin, Madeleine Delbrêl nous enseigne encore une chose : qu’en
évangélisant, on est évangélisés : en évangélisant, nous sommes
évangélisés. C'est pourquoi elle disait, en écho à saint Paul :
" malheur à moi si l'évangélisation ne m'évangélise pas ". En
évangélisant, on s’évangélise soi-même. Et c’est une belle doctrine.
En contemplant cette femme témoin de l’Evangile, nous apprenons nous aussi
que dans toute situation et circonstance personnelle ou sociale de notre vie,
le Seigneur est présent et nous appelle à habiter notre temps, à partager la
vie des autres, à nous mêler aux joies et aux tristesses du monde. En
particulier, elle nous enseigne que même les milieux sécularisés peuvent aider
pour la conversion, parce que le contact avec les non-croyants provoque le
croyant à une révision continuelle de sa manière de croire et à redécouvrir la
foi dans son essentialité.
Que Madeleine Delbrêl nous apprenne à vivre cette foi “in moto” - " en
mouvement ", disons, cette foi féconde qui fait de tout acte de foi un
acte de charité dans l'annonce de l'Évangile. Je vous remercie.
1 commentaire:
Merci pour cette sensibilisation motivante
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