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PAPE FRANÇOIS
AUDIENCE
GÉNÉRALE
Place Saint-Pierre
Mercredi 20 septembre 2023
Catéchèse - La passion pour l’évangélisation : le zèle apostolique du
croyant - 21. Saint Daniel Comboni, apôtre de l'Afrique et
prophète de la mission
Chers
frères et sœurs, bonjour !
Dans
notre parcours de la catéchèse sur la passion évangélisatrice, c’est-à-dire le
zèle apostolique, aujourd’hui nous nous arrêtons sur le témoignage de Saint Daniel Comboni.
Il fut
un apôtre plein de zèle pour l'Afrique. De ces peuples, il écrivait : « ils
ont pris possession de mon cœur qui ne vit que pour eux » C’est
beau ! , « je mourrai avec l'Afrique sur les lèvres ». Et c'est
à eux qu'il s'adresse en ces termes : « le plus heureux de mes jours sera
celui où je pourrai donner ma vie pour vous ». Ceci est l'expression pour
une personne amoureuse de Dieu et de ses frères et sœurs qu'il servait en
mission et au sujet desquels il ne se lassait pas de rappeler que
« Jésus-Christ a souffert et est mort pour eux aussi ».
Il le
disait dans un contexte marqué par l'horreur de l'esclavage dont il était
témoin. L'esclavage "chosifie" l'être humain, dont la valeur se
réduit à être utile à quelqu'un ou à quelque chose.
Mais
Jésus, Dieu fait homme, a élevé la dignité de tout être humain et a mis en
évidence la fausseté de tout esclavage. Comboni, à la lumière du Christ, a pris
conscience du mal de l'esclavage ; il a aussi compris que l'esclavage social
s'enracine dans un esclavage plus profond, celui du cœur, celui du
péché, dont le Seigneur nous libère.
En
tant que chrétiens, nous sommes donc appelés à lutter contre toutes les formes
d'esclavage. Malheureusement, l'esclavage, comme le colonialisme, n'appartient
pas au passé, malheureusement.
Dans
l'Afrique tant aimée par Comboni, aujourd'hui déchirée par de nombreux
conflits, « après le colonialisme politique, un “colonialisme économique”
tout aussi asservissant s’est déchainé. (...). C’est un drame devant lequel le
monde économiquement plus avancé ferme souvent les yeux, les oreilles et la
bouche. » Je renouvelle donc mon appel : « Cessez d’étouffer
l’Afrique : elle n’est pas une mine à exploiter ni une terre à
dévaliser. » (Rencontre avec les Autorités, Kinshasa, 31 janvier
2023).
Et
revenons à l'histoire de Saint Daniel. Après un premier séjour en Afrique, il
dut quitter la mission pour des raisons de santé. Trop de missionnaires étaient
morts après avoir contracté des maladies, par manque de connaissance de la
réalité locale. Cependant, si d'autres abandonnaient l'Afrique, ce n'était pas
le cas de Comboni. Après un temps de discernement, il sentit que le Seigneur
lui inspirait une nouvelle manière d'évangéliser, qu'il résuma en ces mots : « Sauver l'Afrique avec
l'Afrique ».
C'est
une intuition puissante, rien du colonialisme là-dedans, il s'agit d'une
intuition puissante qui contribua à renouveler l'engagement missionnaire qui a
contribué à renouveler l'engagement missionnaire : les personnes évangélisées
n'étaient pas seulement des "objets", mais des "sujets" de
la mission.
Et
Saint Daniel Comboni désirait faire de tous les chrétiens les protagonistes de
l'action évangélisatrice. Et dans cet esprit, il pensa et agit de manière
intégrale, en impliquant le clergé local et en promouvant le service laïc des
catéchistes. Les catéchistes sont un trésor de l'Église : les catéchistes sont
ceux qui sont en avant dans l'évangélisation.
C’est
ainsi qu'il conçut également le développement humain, en s'occupant des arts et
des professions, et en encourageant le rôle de la famille et de la femme dans
la transformation de la culture et de la société. Et combien est-il important,
encore aujourd'hui, de faire progresser la foi et le développement humain de
l'intérieur des contextes de mission, au lieu de transplanter des modèles
externes ou de se limiter à un stérile assistancialisme ! Ni modèle extérieur,
ni assistancialisme. Prendre dans la culture des peuples le chemin de
l'évangélisation. Evangéliser la culture et inculturer l'Evangile : cela va de
pair.
La
grande passion missionnaire de Comboni, cependant, n'était pas d'abord le
résultat d'un effort humain : il n'était pas poussé par son courage ou motivé
seulement par des valeurs importantes, comme la liberté, la justice et la paix
; son zèle naissait de la joie de l'Evangile, il
puisait dans l'amour du Christ et conduisait à l'amour pour le Christ !
Saint
Daniel écrivait : « Une mission aussi ardue et laborieuse que la nôtre ne
peut vivre d’apparences ni avec des bigots remplis d'égoïsme et d'égocentrisme,
qui ne se soucient pas comme ils le devraient du salut et de la conversion des
âmes ». C'est le drame du cléricalisme, qui conduit les chrétiens, même
les laïcs, à se cléricaliser et à se transformer - comme il est dit ici - en
des bigots remplis d'égoïsme. C'est la peste du cléricalisme. Et il ajoutait :
« Il faut les
enflammer de charité, qui a sa source en Dieu et dans l'amour du Christ
; et quand on aime vraiment le Christ, alors les privations, les souffrances et
le martyre sont des douceurs ».
Son
désir était de voir des missionnaires ardents, joyeux, engagés : des
missionnaires - écrivait-il - "saints et capables". [...] D'abord
saints, c'est-à-dire exempts de péchés et humbles. Mais cela ne suffit pas : il
faut la charité qui rend les sujets capables". La source de la capacité
missionnaire, pour Comboni, est donc la charité, en particulier le zèle pour
faire siennes les souffrances des autres.
Sa
passion évangélisatrice ne l'a d'ailleurs jamais conduit à agir en soliste,
mais toujours en communion, dans l'Église. « Je n'ai qu'une vie à
consacrer au salut de ces âmes », écrit-il, "je voudrais en avoir
mille à consumer pour cela"
Frères
et sœurs, saint Daniel témoigne de l'amour du Bon Pasteur, qui va à la
recherche de ce qui est perdu et qui donne sa vie pour son troupeau. Son zèle a
été énergique et prophétique en s'opposant à l'indifférence et à l'exclusion.
Dans
ses lettres, il se souvenait avec émotion de son Eglise bien-aimée, qui avait
oublié l'Afrique pendant trop longtemps. Le rêve de Comboni est une Eglise qui
fait cause commune avec les crucifiés de l'histoire, pour vivre avec eux
l’expérience de la résurrection.
En ce
moment, je vous fais une suggestion. Pensez aux crucifiés de l'histoire d'aujourd'hui
: hommes, femmes, enfants, vieillards qui sont crucifiés par des histoires
d'injustice et de domination. Pensons à eux et prions. Son témoignage semble se
répéter à nous tous, hommes et femmes d'Eglise : « N'oubliez pas les
pauvres, aimez-les, parce qu'en eux se trouve la présence de Jésus crucifié qui
attend de ressusciter ». N'oubliez pas les pauvres : avant de venir ici,
j'ai eu une réunion avec des législateurs brésiliens qui travaillent pour les
pauvres, qui essaient de promouvoir les pauvres avec l'aide et la justice
sociale. Et eux ils n'oublient pas les pauvres : ils travaillent pour les
pauvres. À vous, je dis : n'oubliez pas les pauvres, parce que ce sont eux qui
ouvriront la porte du Ciel.
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