Christogrammes

 Christogrammes utilisés dans l'histoire du christianisme. 

Ces symboles, souvent composés de lettres grecques ou latines, servent d'abréviations ou de monogrammes du nom et du titre de Jésus-Christ. Ils ont joué un rôle crucial dans les premiers siècles de l'Église, notamment pour permettre aux chrétiens de se reconnaître entre eux dans un contexte de persécution.

Voici les plus importants et leur signification :

1. Le Chrisme (ΧΡ) ou Labarum

• Forme : Il est formé par la superposition des deux premières lettres grecques du mot Χριστός (Christos), qui signifie « Christ » : le Chi (Χ) et le Rhô (Ρ).

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• Signification : Il représente directement Jésus-Christ. On le trouve souvent accompagné de l'Alpha (Α) et de l'Oméga (Ω), la première et la dernière lettre de l'alphabet grec, symbolisant ainsi la parole de l'Apocalypse : « Je suis l'Alpha et l'Oméga, le commencement et la fin » (Apocalypse 22:13).

• Histoire : C'est sans doute le plus célèbre des christogrammes. Il a gagné en popularité au IVe siècle après que l'empereur Constantin le Grand ait  eu une vision de ce symbole avant la bataille du pont Milvius en 312. Il l'a ensuite fait peindre sur les boucliers de ses soldats.

2. L'Ichthus (ΙΧΘΥΣ)

• Forme : Un dessin stylisé de poisson.

• Signification : C'est un acronyme (ou acrostiche) en grec. Chacune des lettres du mot ΙΧΘΥΣ (poisson) renvoie à une phrase qui décrit Jésus-Christ :

  • Ι : Iησοῦς (Iêsoûs) → Jésus

  • Χ : Χριστὸς (Khristòs) → Christ

  • Θ : Θεοῦ (Theoû) → de Dieu

  • Υ : Υἱὸς (Huiòs) → Fils

  • Σ : Σωτήρ (Sôtếr) → Sauveur

    La phrase complète est donc « Jésus-Christ, Fils de Dieu, Sauveur ».

• Histoire : C'était un symbole secret utilisé par les premiers chrétiens pour se reconnaître dans un contexte de persécution. L'un traçait la moitié du poisson dans le sable, l'autre complétait le dessin pour signifier son appartenance à la foi.

3. IHS (ou JHS)

• Forme : Les trois premières lettres du nom grec de Jésus, ΙΗΣΟΥΣ (Iêsous) : l'iota (Ι), l'êta (Η) et le sigma (Σ).

• Signification : C'est une abréviation du nom de Jésus. Il est important de noter que le sigma (Σ) a une forme lunaire ou ronde en grec, ce qui peut expliquer la variation IHC ou JHC (la lettre grecque ressemble à un C latin). Au fil du temps, dans la tradition latine, on lui a attribué la signification de l'acronyme "Iesus Hominum Salvator" (Jésus Sauveur des Hommes).

• Histoire : Ce monogramme est très courant dans l'art et les églises occidentales, popularisé notamment par saint Bernardin de Sienne au XVe siècle et la Compagnie de Jésus (les Jésuites).

4. INRI

• Forme : Quatre lettres latines, généralement inscrites au-dessus d'un crucifix.

• Signification : C'est un acronyme de la phrase latine "Iesus Nazarenus Rex Iudaeorum", qui signifie "Jésus de Nazareth, Roi des Juifs".

• Histoire : Il s'agit du "titulus" (l'écriteau) que Ponce Pilate a fait placer au-dessus de la tête de Jésus sur la croix, tel que rapporté dans l'Évangile de Jean (19:19).

5. L'Iota-Chi (ΙΧ)

• Forme : La superposition des initiales grecques du nom et du titre de Jésus-Christ : Iota (Ι) pour Iησοῦς (Jésus) et Chi (Χ) pour Χριστός (Christ).

• Signification : Jésus-Christ. C'est un monogramme plus ancien et moins complexe que le Chrisme, mais avec une signification similaire.

• Histoire : On le retrouve sur des sarcophages des premiers siècles et des artéfacts paléochrétiens, particulièrement en Orient.

6. Le Staurogramme (⳨)

• Forme : La combinaison des lettres grecques Tau (Τ) et Rhô (Ρ).

• Signification : Il s'agit d'une des plus anciennes représentations visuelles de la crucifixion. Les lettres proviennent du mot grec pour "croix" (σταυρός). La superposition des deux lettres forme une image qui ressemble à une personne sur une croix, le Ρ représentant la tête et le T la croix.

• Histoire : C'est un symbole très ancien, antérieur au Chrisme, qui témoigne de l'importance de la croix dès les premiers temps du christianisme, avant même que la croix devienne le symbole principal de la foi.