CONSTITUTION APOSTOLIQUE DE PIE XII SUR L'ASSOMPTION (1950)
Les Pères de l'Église et les grands docteurs, dans les homélies et les discours qu'ils ont adressés au peuple pour la fête de l'Assomption, en ont parlé comme d'une vérité déjà connue et admise par les fidèles.
Ils l'ont expliquée plus clairement, ils en ont approfondi la signification et la portée.
Surtout, ils ont mieux mis en lumière ce que les
textes liturgiques n'avaient que brièvement indiqué : cette fête ne
rappelle pas seulement que le corps inanimé de la Vierge Marie n'a subi aucune
corruption, mais aussi qu'elle a triomphé de la mort et qu'elle a été glorifiée
dans le ciel, à l'exemple de son Fils unique Jésus Christ.
Ainsi saint Jean Damascène, qui est le plus
remarquable prédicateur de cette vérité traditionnelle, compare l'Assomption
corporelle de la Mère de Dieu à ses autres dons et privilèges ; il déclare
éloquemment : "Elle qui avait gardé sa virginité intacte dans
l'enfantement, il fallait qu'elle garde son corps, même après la mort, exempt
de toute corruption. Elle qui avait porté le Créateur dans son sein comme son
enfant, il fallait qu'elle aille faire son séjour dans la lumière divine. Cette
épouse que le Père s'était unie, il fallait qu'elle habite la chambre nuptiale.
Elle qui avait contemplé son Fils cloué à la
croix et qui avait reçu dans son cœur le glaive de douleur qui lui avait été
épargné dans l'enfantement, il fallait qu'elle le contemple trônant avec le
Père. Il fallait que la Mère de Dieu possède ce qui appartenait à son Fils, et
qu'elle soit honorée par toutes les créatures comme la Mère de Dieu et sa
servante."
Pour saint Germain de Constantinople, si le
corps de la Vierge Mère de Dieu avait été préservé de la corruption et
transféré au ciel, cela ne s'accordait pas seulement à sa maternité divine,
mais encore à la sainteté particulière de son corps virginal. "Selon
l'Écriture, dit-il, tu apparais dans la beauté ; ton corps virginal est
tout entier chaste et saint ; il est tout entier la demeure de Dieu. Aussi
doit-il, par la suite, être totalement affranchi du retour à la poussière.
Mais, parce qu'il est humain, il doit être transformé pour accéder à la vie
sublime de l'incorruptibilité. Toutefois, c'est le même corps qui est vivant,
souverainement glorieux, intact et doté d'une vie parfaite."
Un autre écrivain très ancien avait
affirmé : "Puisqu'elle est la Mère très glorieuse du Christ, notre
divin Sauveur, lui qui donne la vie et l'immortalité, elle est vivifiée par
lui, elle partage pour l'éternité l'incorruptibilité de son corps. Il l'a fait
sortir du tombeau et l'a élevée auprès de lui, d'une manière connue de lui
seul."
Tous ces raisonnements et ces considérations
des Pères s'appuient sur la Sainte Écriture comme sur leur ultime fondement.
Celle-ci met en quelque sorte devant nos yeux la Mère de Dieu comme intimement
unie à son Fils divin partageant toujours sa destinée.
Il faut surtout se rappeler que, dès le deuxième siècle, les Pères nous présentent la Vierge Marie comme la nouvelle Eve, soumise au nouvel Adam, mais très étroitement unie à Lui dans le combat contre l'ennemi infernal.
Ce combat, tel qu'il est prédit dans le Protoévangile (Gn 3,
15), devait aboutir à la victoire totale sur le péché et sur la mort, qui sont
toujours rattachés l'un à l'autre dans les écrits de saint Paul. Par
conséquent, puisque la résurrection glorieuse du Christ fut l'acte essentiel et
le trophée ultime de cette victoire, le combat livré par la Vierge Marie et son
Fils devait trouver sa conclusion dans la glorification de son corps virginal.
Comme dit encore l'Apôtre : Lorsque ce qui est mortel en nous revêtira
l'immortalité, alors se réalisera la parole de l'Écriture : La mort a été
engloutie dans la victoire.
Ainsi la Mère de Dieu, unie à Jésus Christ d'une manière mystérieuse, "dans un seul et même décret" de prédestination, immaculée dans sa conception, parfaitement vierge dans sa maternité divine, généreuse collaboratrice du Rédempteur, a remporté un triomphe total sur le péché et ses conséquences.
Pour finir, elle a obtenu, comme couronnement suprême de ses privilèges, d'être préservée de la corruption du tombeau.
À la suite de son Fils, après avoir vaincu la mort, elle a obtenu
d'être élevée, corps et âme, à la gloire suprême du ciel, pour y resplendir, en
qualité de Reine, à la droite de son Fils, le Roi immortel des siècles.
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