6 avril 2025 : Cinquième dimanche de Carême.
L’usage de couvrir les croix et les statues dans
l’église à partir de ce dimanche peut être conservé, selon la décision de la
Conférence épiscopale. Les croix demeurent voilées jusqu’à ce que la
célébration de la Passion du Seigneur soit terminée, le Vendredi Saint. Mais
les statues demeurent voilées jusqu’au début de la Vigile pascale.
En ce dimanche, on célèbre le troisième scrutin
préparatoire au baptême pour les catéchumènes qui seront admis aux sacrements
de l’initiation chrétienne lors de la Vigile Pascale. Au lieu du formulaire du
dimanche, on emploie le formulaire prévu pour ce scrutin parmi les messes
rituelles, avec des oraisons et des intercessions propres.
*Écoute,
Seigneur* :
Certains voudraient supprimer le
chapitre 8 de Jean parce qu'il leur semble que Jésus pardonne trop.
Mais Dieu ne se lasse pas de
pardonner.
Dieu pardonne tout.
Dieu pardonne toujours.
*Jean
8, 1-11* :
En ce temps-là, Jésus s’en alla au mont des
Oliviers. Dès l’aurore, il retourna au Temple. Comme tout le peuple venait à
lui, il s’assit et se mit à enseigner.
Les scribes et les pharisiens lui amènent une femme
qu’on avait surprise en situation d’adultère. Ils la mettent au milieu, et
disent à Jésus : « Maître, cette femme a été surprise en flagrant
délit d’adultère. Or, dans la Loi, Moïse nous a ordonné de lapider ces
femmes-là. Et toi, que dis-tu ? »
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François : Dieu pardonne toujours !
Jésus dès l’aurore, retourna au Temple et tout le
peuple venait à lui » (Jn 8, 2).
C’est ainsi que commence l’épisode de la femme adultère.
L’arrière-plan est serein : une matinée dans
le lieu saint, au cœur de Jérusalem. Le peuple de Dieu est le
protagoniste qui, dans la cour du temple, cherche Jésus, le Maître. Il veut
l’écouter car ce qu’il dit illumine et réchauffe.
Son enseignement n’a rien d’abstrait, il touche la
vie et la libère, la transforme, la renouvelle.
C’est le “flair” du peuple de Dieu qui ne se
contente pas du temple de pierres, mais qui se rassemble autour de la personne
de Jésus. On entrevoit, dans ce passage, le peuple des croyants de tous les
temps, le peuple saint de Dieu qui est nombreux et vivant.
En voyant le peuple qui accourt vers Lui, Jésus ne
se presse pas : « Il s’assit - dit l’Évangile - et se mit à enseigner »
(v. 2).
Mais, à l’école de Jésus, il y a des places vides,
il y a des absents : la femme et ses accusateurs. Ils ne se sont
pas rendus chez le Maître comme les autres, et les raisons de leur absence sont
différentes : les scribes et les pharisiens pensent déjà tout savoir, ne
pas avoir besoin de l’enseignement de Jésus. Par contre, la femme est une
personne perdue, elle a fait fausse route en cherchant le bonheur sur de
mauvaises voies.
Regardons tout d’abord, les accusateurs
de la femme. Nous voyons en eux l’image de ceux qui se vantent d’être justes,
des pratiquants de la loi de Dieu, des gens corrects et respectables. Ils n’ont
pas souci de leurs défauts mais ils sont très attentifs à découvrir ceux des
autres.
Ils vont ainsi vers Jésus : non pas le cœur
ouvert pour l’écouter, mais « pour le mettre à l’épreuve, afin de pouvoir
l’accuser » (v. 6).
C’est une photographie de l’intériorité de ces
personnes cultivées et religieuses, qui connaissent les Écritures, fréquentent
le temple, mais subordonnent tout cela à leurs propres intérêts et qui ne
combattent pas les pensées malveillantes qui s’agitent en leur cœur.
Ils apparaissent comme des experts de Dieu aux yeux
des gens, mais ils ne reconnaissent pas Jésus. Ils le considèrent au
contraire comme un ennemi à éliminer. Et pour ce faire, ils mettent devant lui
une personne, comme s’il s’agissait d’une chose, en l’appelant avec mépris
« cette femme » et en dénonçant publiquement son adultère. Ils font
pression pour que la femme soit lapidée en déversant sur elle l’aversion qu’ils ont envers la compassion de Jésus.
Et ils font tout cela sous couvert de leur réputation d’hommes religieux.
Frères et sœurs, ces personnes nous montrent que le ver de l’hypocrisie et
le vice de montrer du doigt peuvent s’insinuer dans la religiosité même. De
tout temps, en toute communauté. Le risque de mal comprendre Jésus existe
toujours ; d’en avoir le nom sur les lèvres mais de le démentir dans les
faits. Et on peut même le faire en élevant les étendards de la croix. Comment
pouvons-nous alors vérifier si nous sommes des disciples à l’école du Maître?
Par notre regard, par la façon dont nous regardons le prochain et par la façon
dont nous nous regardons nous-mêmes. C’est le point pour définir notre
appartenance.
Par la façon dont nous regardons le prochain : si nous le faisons
comme Jésus nous le montre aujourd’hui, c’est-à-dire avec un regard de
miséricorde, et non pas d’une manière critique, parfois même
dédaigneuse comme les accusateurs de l’Évangile qui s’érigent en paladins de
Dieu mais ne s’aperçoivent pas qu’ils piétinent leurs frères. En réalité, celui
qui croit défendre la foi en pointant du doigt les autres aura peut-être une
vision religieuse, mais il n’épousera pas l’esprit de l’Évangile parce qu’il oublie la miséricorde, qui est le cœur de Dieu.
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Pour comprendre si nous sommes de vrais disciples
du Maître, nous devons aussi vérifier la
manière dont nous nous regardons nous-mêmes.
Les accusateurs de la femme sont convaincus qu’ils
n’ont rien à apprendre. Leur apparence extérieure est parfaite, en effet, mais
il leur manque la vérité du cœur.
Ils sont le portrait de ces croyants qui, de tout temps
font de la foi une façade, manifestent une extériorité solennelle mais qui
manquent de pauvreté intérieure, le trésor le plus précieux de l’homme.
“Jésus, je suis ici avec Toi, mais Toi, que veux-Tu
de moi? Que veux-Tu que je change dans mon cœur, dans ma vie? Comment veux-Tu que
je voie les autres ?”. Il nous sera bénéfique de prier ainsi car le Maître ne
se contente pas de l’apparence, mais il cherche la vérité du cœur. Et quand
nous lui ouvrons notre cœur en vérité, il peut accomplir des prodiges en nous.
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Nous le voyons chez la femme adultère. Sa situation semble compromise mais
un horizon nouveau, impensable auparavant s’ouvre à ses yeux. Couverte d’insultes,
prête à recevoir des paroles implacables et un sévère châtiment, elle se voit avec surprise acquittée par Dieu qui lui ouvre un avenir
inattendu : « Personne ne t’a condamnée ? - lui dit Jésus - Moi
non plus, je ne te condamne pas.
Va, et désormais ne pèche plus » (vv. 10.11). Quelle différence
entre le Maître et les accusateurs ! Ceux-ci avaient cité l’Écriture pour
condamner ; Jésus, Parole de Dieu en personne, réhabilite complètement la femme
en lui redonnant l’espérance.
La vie de cette femme change grâce au pardon.
Miséricorde
et misère se sont rencontrées. Miséricorde et misère sont là. Et la femme
change.
On peut même penser que, pardonnée par Jésus, elle
aura appris à son tour à pardonner.
Peut-être qu’elle aura vu en ses accusateurs non
plus des personnes rigides et méchantes, mais des personnes qui lui auront
permis de rencontrer Jésus.
Le Seigneur désire que nous aussi, ses disciples
pardonnés par Lui, nous devenions en tant qu’Église des témoins inlassables de réconciliation :
témoins d’un Dieu pour qui le mot “irrécupérable” n’existe pas ; d’un Dieu qui
pardonne toujours. Dieu pardonne toujours. C’est nous qui nous fatiguons
de demander pardon. Un Dieu qui continue de croire en nous et donne à chaque
fois une chance de recommencer. Il n’y a pas de péché ni d’échec qui, porté à
Lui, ne puisse devenir une occasion pour commencer une vie nouvelle,
différente, sous le signe de la miséricorde. Il n’y a pas de péché qui ne
puisse prendre cette voie. Dieu pardonne tout. Tout.
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Isaïe 43, 16-21
Le Seigneur dit : « Ne faites plus
mémoire des événements passés, ne songez plus aux choses d’autrefois. Voici que je fais
une chose nouvelle : elle germe déjà, ne la voyez-vous pas ? Oui, je
vais faire passer un chemin dans le désert, des fleuves dans les lieux arides.
Psaume
125
Quand le Seigneur ramena les captifs à Sion, *
nous étions comme en rêve !
Alors notre bouche était pleine de rires,
nous poussions des cris de joie.
Philippiens
3, 8-14
Frères, tous les avantages que j’avais autrefois, je les considère comme
une perte à cause de ce bien qui dépasse tout : la connaissance du Christ
Jésus, mon Seigneur. À cause de lui, j’ai tout perdu ; je considère tout
comme des ordures, afin de gagner un seul avantage, le Christ, et, en lui,
d’être reconnu juste, non pas de la justice venant de la loi de Moïse mais de
celle qui vient de la foi au Christ, la justice venant de Dieu, qui est fondée
sur la foi.