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Chers frères et sœurs, bonjour!
Aujourd'hui, nous devrons changer un peu la
manière d'organiser cette audience en raison du coronavirus. Vous êtes séparés,
également avec la protection du masque, et je suis un peu éloigné et je ne peux
pas faire ce que je fais toujours, m'approcher de vous, car il arrive que
chaque fois que je m'approche, vous venez tous ensemble et on perd la distance,
le danger de la contagion existe alors pour vous.
Je
suis désolé de faire cela, mais c'est pour votre sécurité. Au lieu de venir
près de vous et de serrer les mains et saluer, nous nous saluerons de loin,
mais sachez que je suis proche de vous avec le cœur.
J'espère
que vous comprenez pourquoi je fais cela.
Ensuite,
alors que les lecteurs lisaient le passage biblique, mon attention a été
attirée par ce petit garçon ou cette petite fille qui pleurait. Et je voyais sa
mère qui caressait et allaitait l'enfant et j'ai pensé: «Dieu fait ainsi avec
nous, comme cette mère». Avec combien de tendresse elle cherchait à déplacer
l'enfant, à allaiter. Ce sont de très belles images. Et quand cela arrive à
l'église, quand un enfant pleure, on sait que là, il y a la tendresse d'une
mère, comme aujourd'hui, il y a la tendresse d'une mère qui est le symbole de la tendresse de Dieu avec
nous.
Il ne
faut jamais faire taire un enfant qui pleure à l'église, jamais, car c'est la
voix qui attire la tendresse de Dieu. Merci pour ton témoignage.
Nous complétons aujourd'hui la catéchèse sur la prière des Psaumes.
Nous remarquons tout d'abord que dans les Psaumes apparaît souvent une figure négative, celle de l'“impie”, c'est-à-dire celui ou celle qui vit comme si Dieu n'existait pas.
C'est
la personne sans aucune référence au transcendant, sans aucun frein à son
arrogance, qui ne craint pas les jugements sur ce qu'elle pense et ce qu'elle
fait.
C'est
pour cette raison que le Psautier présente la prière comme la réalité
fondamentale de la vie. La référence à l'absolu et au transcendant (que les
maîtres d'ascétique appellent la “sainte crainte de Dieu”) est ce qui nous rend
pleinement humains, c'est la limite qui nous sauve de nous-mêmes, en empêchant
que nous nous jetions sur cette vie de manière prédatrice et vorace. La prière est le salut de l'être humain.
Assurément, il existe également une prière fausse,
une prière faite seulement pour être admirée par les autres. Celle de celui ou
de ceux qui vont à la Messe uniquement pour faire voir qu'ils sont catholiques
ou pour faire voir le dernier modèle qu'ils ont acheté, ou pour faire bonne
figure socialement. Ils récitent une fausse prière. Jésus a admonesté avec
force à cet égard (cf. Mt 6, 5-6; Lc 9,
14). Mais quand le vrai esprit de la prière est accueilli avec sincérité et
descend dans le cœur, alors celle-ci nous fait contempler la réalité avec les
yeux mêmes de Dieu.
Quand on prie, chaque chose
acquiert de l'“épaisseur”. Cela est curieux dans la prière, nous commençons peut-être par une chose
imperceptible, mais dans la prière cette chose acquiert de l'épaisseur,
acquiert du poids, comme si Dieu la prenait par la main et la transformait.
Le
pire service que l'on puisse rendre à Dieu et également à l'homme, est de prier
avec lassitude, de manière routinière. Prier
comme des perroquets.
Non,
on prie avec le cœur. La prière est le centre de la vie. S'il y a la prière,
notre frère, notre sœur, également notre ennemi, deviennent eux aussi
importants. Un antique dicton des premiers moines chrétiens dit ainsi:
«Bienheureux le moine qui, après Dieu, considère tous les hommes comme Dieu»
(Evagrio Pontico, Traité sur la prière, n. 123).
Celui qui adore Dieu aime ses enfants. Celui
qui respecte Dieu, respecte les êtres humains.
C'est
pourquoi la prière n'est pas un calmant pour atténuer l'anxiété de la vie; de
toutes façons, une prière de ce genre n'est sûrement pas chrétienne. La prière
responsabilise plutôt chacun de nous. Nous le voyons clairement dans le «Notre
Père», que Jésus a enseigné à ses disciples.
Pour apprendre cette manière de prier, le Psautier
est une grande école. Nous avons vu que les Psaumes n'utilisent pas toujours
des paroles raffinées et gentilles, et ils portent souvent imprimées les
cicatrices de l'existence. Pourtant, toutes ces prières ont été utilisées
auparavant dans le Temple de Jérusalem et ensuite dans les synagogues; même
celles plus intimes et personnelles.
Le Catéchisme
de l'Eglise catholique s'exprime ainsi: «Les expressions multiformes
de la prière des Psaumes prennent forme à la fois dans la liturgie du temple et
dans le cœur de l'homme» (n. 2588). Et ainsi, la prière personnelle puise et se
nourrit tout d'abord à celle du peuple d'Israël, et ensuite à celle du
peuple de l'Eglise.
Même
les psaumes à la première personne du singulier, qui confient les pensées et
les problèmes les plus intimes d'un individu, sont un patrimoine collectif,
jusqu'à être priés par tous et pour tous. La prière des chrétiens a ce
«souffle», cette «tension» spirituelle qui garde ensemble le temple et le
monde. La prière peut commencer dans la pénombre d'une nef, mais ensuite elle
termine sa course dans les rues de la ville. Et vice versa, elle peut germer
pendant les occupations quotidiennes et arriver à son accomplissement dans la
liturgie.
Les
portes des églises ne sont pas des barrières, mais des «membranes» perméables,
disponibles à recueillir le cri de tous.
Dans la prière du Psautier, le monde est toujours
présent. Les psaumes, par exemple,
donnent voix à la promesse divine de salut des plus faibles:
«A
cause du malheureux qu'on dépouille, du pauvre qui gémit, maintenant je me
lève, déclare Yahvé, j'assurerai le salut à ceux qui en ont soif» (12, 6).
Ou
bien, ils avertissent du danger des richesses mondaines, car «l’homme dans son
luxe ne comprend pas, il ressemble au bétail qu'on abat» (48, 21).
Ou
bien encore, ils ouvrent l'horizon au regard de Dieu sur l'histoire: «Yahvé
déjoue les plans des nations, il empêche les pensées des peuples; mais le plan
de Yahvé subsiste à jamais, les pensées de son cœur, d'âge en âge» (33, 10-11).
En
somme, là où Dieu est présent, l'homme doit aussi être présent. L'Ecriture
Sainte est catégorique: «Quant à nous, aimons, puisque Lui nous a aimés le
premier. Mais Lui va toujours avant nous. Il nous attend toujours, parce qu'Il
nous aime le premier, Il nous regarde le premier, Il nous comprend le premier.
Il nous attend toujours.
Si quelqu’un dit: 'J'aime Dieu' et qu'il déteste
son frère, c'est un menteur: celui qui n'aime pas son
frère, qu'il voit, ne saurait aimer le Dieu qu'il ne voit pas. Si tu pries de
nombreux chapelets chaque jour, mais qu'ensuite tu fais des commérages sur les
autres et que tu as de la rancœur en toi, tu as de la haine contre les autres,
c'est de l'artifice pur, ce n'est pas la vérité.
Oui,
voilà le commandement que nous avons reçu de Lui: que celui qui aime Dieu aime
aussi son frère» (1 Jn 4, 19-21). L'Ecriture admet le cas d'une
personne qui, bien que cherchant sincèrement Dieu, ne réussit jamais à le
rencontrer; mais elle affirme également que l'on ne peut jamais nier les larmes
des pauvres, sous peine de ne pas rencontrer Dieu.
Dieu
ne supporte pas l' «athéisme» de celui qui nie l'image divine qui est imprimée
dans chaque être humain. Cet athéisme de tous les jours: je crois en Dieu, mais
avec les autres je garde la distance et je me permets de haïr les autres. C'est
de l'athéïsme pratique. Ne pas reconnaître la personne
humaine comme image de Dieu est un sacrilège, c'est une abomination,
c'est la pire offense que l'on peut faire au temple et à l'autel.
Chers frères et sœurs, que la
prière des psaumes nous aide à ne pas tomber dans la tentation de l'«impiété»,
c'est-à-dire de vivre, et peut-être également de prier, comme si Dieu
n'existait pas, et comme si les pauvres n'existaient pas.
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