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Catéchèse - 10. La prière des Psaumes. 1
Chers frères et sœurs, bonjour!
En lisant la Bible, on trouve sans cesse des
prières de divers genres. Mais on trouve également un livre composé seulement
de prières, un livre qui est devenu la patrie, le terrain d'exercice et la
maison d'innombrables orants. Il s'agit du Livre des Psaumes. Il y
a 150 psaumes pour prier.
Il fait partie des livres sapientiels, car il
communique le “savoir prier” à travers l'expérience du dialogue avec Dieu.
Dans
les psaumes, nous trouvons tous les sentiments humains: les joies, les
douleurs, les doutes, les espérances, les amertumes qui colorent notre vie.
Le Catéchisme affirme
que chaque psaume «est d’une sobriété telle qu’il peut être prié en
vérité par les hommes de toute condition et de tout temps» (CEC, n.
2588).
En
lisant et en relisant les psaumes, nous apprenons le langage de la prière. Dieu
le Père, en effet, les a inspirés avec son Esprit dans le cœur du roi David et
d'autres orants, pour enseigner à chaque homme et femme comment le louer,
comment le remercier et le supplier, comment l'invoquer dans la joie et dans la
douleur, comment raconter les merveilles de ses œuvres et de sa Loi. En
synthèse, les psaumes sont la parole de Dieu que nous, les humains, nous
utilisons pour parler avec Lui.
Dans
ce livre, nous ne rencontrons pas de personnes éthérées, des personnes
abstraites, des gens qui confondent la prière avec une expérience esthétique ou
aliénante. Les psaumes ne sont pas des textes nés à un bureau ; ce sont des invocations, souvent dramatiques,
qui jaillissent du vif de l'existence.
Pour
les prier, il suffit d'être ce que nous sommes. Nous ne devons pas oublier que
pour bien prier, nous devons prier tels
que nous sommes, sans maquillage. Il ne faut pas maquiller son âme pour
prier. «Seigneur, je suis ainsi», et se présenter devant le Seigneur tels que
nous sommes, avec les belles choses et aussi avec les choses laides que
personne ne connaît, mais que nous, à l'intérieur, nous connaissons.
Dans
les psaumes, nous entendons les voix d'orants en chair et en os, dont la vie,
comme celle de tous, est remplie de problèmes, de difficultés, d'incertitudes.
Le psalmiste ne conteste pas de manière radicale cette souffrance: il sait
qu'elle appartient à la vie. Dans les psaumes, cependant, la souffrance se
transforme en question. De la souffrance à la question.
Et parmi les nombreuses questions, il y en a une
qui reste suspendue, comme un cri incessant qui traverse le livre entier de
part en part. Une question, que nous répétons tant de fois: “Jusqu'à quand, Seigneur? Jusqu'à quand?”.
Chaque
douleur réclame une libération, chaque larme invoque une consolation, chaque
blessure attend une guérison, chaque calomnie une sentence d'absolution.
«Jusqu'à quand, Seigneur, devrais-je endurer cela? Ecoute-moi, Seigneur!»:
combien de fois avons-nous prié ainsi, avec «Jusqu'à quand?», cela suffit
Seigneur!
En
posant sans cesse des questions de ce genre, les psaumes nous enseignent à ne
pas nous habituer à la douleur, et ils nous rappellent que la vie n'est pas sauvée
si elle n'est pas guérie. L’existence de l'homme est un souffle, son histoire
est fugace, mais l'orant sait qu'il est précieux aux yeux de Dieu, c'est
pourquoi crier a un sens. Et cela est important. Quand nous prions,
nous le faisons parce que nous savons que nous sommes précieux aux yeux de
Dieu. C'est la grâce de l'Esprit Saint qui, de l'intérieur, suscite en nous
cette conscience: d’être précieux aux
yeux de Dieu. Et pour cette raison, nous sommes poussés à prier.
La
prière des psaumes est le témoignage de ce cri: un cri multiple, car dans la
vie la douleur a mille formes, et prend le nom de maladie, haine, guerre,
persécution, méfiance… Jusqu'au “scandale” suprême, celui de la mort. La mort
apparaît dans le Psautier comme l'ennemie la plus déraisonnable de l'homme:
quel délit mérite une punition aussi cruelle, qui comporte l'anéantissement et
la fin? L’orant des psaumes demande à Dieu d'intervenir là où tous les efforts
humains sont vains. Voilà pourquoi la prière, déjà en elle-même, est une chemin
de salut et un début de salut.
Tous souffrent dans ce monde: aussi bien celui qui
croit en Dieu que celui qui le repousse. Mais dans le Psautier, la douleur
devient relation, rapport: un cri d'aide qui attend
d'intercepter une oreille attentive. Elle ne peut pas rester sans sens, sans
but. Même les douleurs que nous subissons ne peuvent pas être seulement des cas
spécifiques d'une loi universelle: ce sont toujours “mes” larmes.
Pensez
à cela: les larmes ne sont pas universelles, ce sont «mes» larmes. Chacun a les
siennes. «Mes» larmes et «ma» douleur me poussent à aller de l'avant avec la
prière. Ce sont «mes» larmes, que personne n'a jamais versées avant moi. Oui,
beaucoup de personnes ont pleuré, beaucoup. Mais «mes» larmes sont les miennes,
«ma» douleur est la mienne, «ma» souffrance est la mienne.
Avant d'entrer dans la salle, j'ai rencontré les
parents de ce prêtre du diocèse de Côme qui a été tué; il a précisément été tué
dans son service pour aider. Les larmes de ces parents sont «leurs» larmes et
chacun d'eux sait combien il a souffert en voyant ce fils qui a donné sa vie
dans le service aux pauvres. Quand nous voulons consoler quelqu'un, nous ne
trouvons pas les mots. Pourquoi? Parce que nous ne pouvons pas arriver à sa
douleur, parce que «sa» douleur est la sienne, «ses» larmes sont les siennes.
C'est la même chose pour nous: les larmes, «ma» douleur est la mienne, les
larmes sont «les miennes» et avec ces larmes, avec cette douleur, je m'adresse
au Seigneur.
Pour Dieu, toutes les douleurs des hommes sont
sacrées. C'est ainsi que prie l'orant du psaume 56: «Toi, tu tiens le compte de
chacun des pas de ma vie errante, et mes
larmes même tu les gardes dans ton outre. Leur compte est inscrit dans ton
livre» (v. 9). Devant Dieu, nous ne sommes pas des inconnus, ou des numéros.
Nous sommes des visages et des cœurs, connus un par un, par leur nom.
Dans
les psaumes, le croyant trouve une réponse, Il sait que, même si toutes les
portes humaines étaient fermées, la porte de Dieu est ouverte. Même si tout le
monde avait prononcé un verdict de condamnation, en Dieu se trouve le salut.
“Le
Seigneur écoute”: quelquefois dans le prière, il suffit de savoir. Les
problèmes ne se résolvent pas toujours. Celui qui prie n'est pas un naïf: il
sait que de nombreuses questions de la vie d'ici-bas restent sans solution,
sans issue; la souffrance nous accompagnera et après une bataille gagnée, il y
en aura d'autres qui nous attendent. Mais si nous sommes écoutés, tout devient
plus supportable.
La
pire chose qui puisse arriver est de souffrir dans l'abandon, sans qu'on se
souvienne de nous. La prière nous sauve de cela. Car il peut arriver, et même
souvent, de ne pas comprendre les desseins de Dieu. Mais nos cris ne stagnent
pas ici-bas: ils montent jusqu'à Lui, qui a un cœur de Père, et qui pleure
Lui-même pour chaque fils et fille qui souffre et qui meurt.
Je
vais vous dire quelque chose: cela me fait du bien, dans les mauvais moments,
de penser aux pleurs de Jésus, quand il pleura en regardant Jérusalem, quand il
pleura devant la tombe de Lazare. Dieu a pleuré pour moi, Dieu pleure, il
pleure pour nos douleurs.
Car
Dieu a voulu se faire homme – disait un auteur spirituel – pour pouvoir
pleurer. Penser que Jésus pleure avec
moi dans la douleur est une consolation: il nous aide à aller de l'avant.
Si nous restons dans la relation avec Lui, la vie ne nous épargne pas les
souffrances, mais elle s'ouvre à un grand horizon de bien et se met en marche
vers son accomplissement. Courage, allons de l'avant avec la prière. Jésus est
toujours à nos côtés.
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