Saint Matthieu
et saint Luc rapportent la généalogie du Seigneur.
Celle de Matthieu (1, 1-7) ouvre son Évangile et indique
que le Christ est issu du peuple élu, selon une ascendance qui remonte jusqu’à
Abraham, qu’il est le Messie annoncé par les prophètes et descendant de David,
qu’il est le roi de la dynastie davidique envoyá par Dieu selon les promesses
du salut.
Saint Luc, par contre, écrit d’abord pour les chrétiens
issus du paganisme, et c’est pourquoi il souligne l’universalité de la
Rédemption opérée par le Christ. Ainsi, dans sa généalogie, il remonte jusqu’à
Adam, le père de tous les hommes. Gentils et Juifs, signalant non seulement les
liens du Christ avec les Juifs mais avec tous les hommes.
De même que saint Matthieu souligne le messianisme de
notre Seigneur, saint Luc met en avant sa fonction sacerdotale. Saint Thomas, à
la suite de saint Augustin, voit dans la généalogie de saint Luc la révélation
du saceroce du Christ, et il a suivi un ordre non pas descendant mais
ascendant. En effet, en situant sa généalogie au moment où Jean rend témoignage
au Christ en ces termes : Voici
celui qui enlève les péchés du monde, Luc s’attache à considérer le Christ
comme un prêtre envoyé pour effacer les péchés ; en suivant un ordre
ascendant qui passa par Abraham, il aboutit à Dieu en qui, une ois purifiés et
pardonnés, nous sommes réconciliés.
Les listes généalogiques de saint Matthieu et de saint
Luc comportent des différences de noms. Les exégètes, se fondant sur
l’historicité absolue des deux Évangiles, ont proposé diverses solutions,
aucune d’elles ne s’imposant de manière définitive. Les Juifs conservaient
soigneusement leurs généalogies ; les membres des familles royales ou
sacerdotales s’en servaient pour exercer leurs droits, leurs obligations et
leurs fonctions. Par exemple, lors du retour de l’exil à Babylone, les prêtres
et les lévites qui présentèrent leurs tables généalogiques en règle
retrouvèrent leurs fonctions ans le Temple. De la même façon, d’autres
reprirent possession de leurs anciennes terres. Par contre, ceux qui, après les
années malheureuses de l’exil, ne purent prouver leurs ascendance, furent
exclus des fonctions sacerdotales et ne récupérèrent pas les terres qu’ils
réclamaient (cf. Esd 2, 59-62 ; Ne 7, 64).
Deux solutions permettent d’expliquer les différences
entre les généalogies de Matthieu et de Luc :
1) Les deux évangélistes rapportent la généalogie de
saint Joseph, mais l’un fait cas de la loi du lévirat (si quelqu’un mourait
sans enfant, son frère devait prendre pour femme sa belle-sœur devenue veuve,
l’aîné de ce couple étant le fils légal du défunt, tandis que l’autre n’en
tient pas compte.
2) Saint Matthieu présente la généalogie de saint Joseph,
et saint Luc celle de la Vierge Marie. Dans ce dernier cas, Joseph ne serait pas
à proprement parler le fils d’Héli, mais seulement son gendre. Mais cette
deuxième hypothèse manque de fondement sérieux au sein du texte évangélique.
Le but n’est pas d’indiquer des filiations strictes mais
des lignées plus ou moins lâches.
Nous pensons que là est la clef de lecture :
– Les deux généalogies incluent les personnages les
plus importants de l’Histoire du Salut : les patriarches, les ascendants
directs de David et lui-même, Zorobabel, personnage-clef de la
reconstruction après l’Exil, et son père
– Mt insiste sur l’inscription dans le Peuple juif,
à partir d’Abraham, sur la lignée royale de David, l’histoire du salut qui se
déploie. Le fait qu’il mentionne quelques femmes a été beaucoup commenté. A
chaque fois, il s’agit d’une naissance « problématique » (incestueuse,
adultérine, avec une prostituée, une non-juive, hors mariage s’agissant de
Marie). L’interprétation la plus courante montre que le plan de Dieu se déploie
même dans les accidents de l’Histoire, les situations irrégulières et le péché
des hommes
– Pour arriver à 14 dans la dernière série
mathéenne, il faut rajouter l’Esprit-Saint dans la généalogie. C’est le message
qu’il veut faire passer : l’Esprit-Saint à l’œuvre dans l’Histoire et
l’inscription de Jésus dans cette Histoire sainte
– Chez Lc, il faut rajouter Dieu à l’origine et Jésus à
l’aboutissement pour avoir des séries multiples de 7. Dieu est Père de Jésus,
mais Jésus est homme. C’est d’une part, la Création de l’Homme par Dieu (Adam),
puis l’Incarnation de Dieu (Jésus) dans une lignée humaine, qui permettent au
salut de se déployer
– Enfin, le fait de remonter à rebours à partir de Jésus
jusqu’à Dieu montre plutôt la filiation théologique, le Mystère de
l’Incarnation, qu’une approche historique comme chez Mt.
En tout cas, il est intéressant de découvrir comment
saint Matthieu montre à travers sa généalogie, que Jésus est le Fils de David
attendu.
Le Nouveau Testament commence en montrant comment
Jésus descendait de David et d’Abraham.
Matthieu utilise l’art littéraire pour montrer que
Jésus est le Fils parfait de David.
Pour Matthieu, l’Exil finit avec la venue de
Jésus.
Jean met l’accent
sur le fait que Jésus était le Fils de Dieu qui existait depuis le commencement
de la Création. Mais la nature humaine de Jésus-Christ est tout aussi
importante.
Tout le Nouveau
Testament commence avec la généalogie de
Jésus-Christ.
Le Fils de David,
le Fils d’Abraham.
La généalogie
dans Matthieu est plus qu’une référence purement matérielle. C’est aussi un
subtil travail littéraire, un art qui a probablement frappé son auditoire
beaucoup plus qu’il nous frappe aujourd’hui.
Matthieu commence
sa généalogie avec ces mots : Le Livre de la généalogie de Jésus-Christ.
Dans la Septante
(la traduction grecque de l’Ancien Testament utilisée partout au temps de
Matthieu) Genèse commence son résumé des descendants d’Adam avec ces
mots : « Voici le Livre de la généalogie d’Adam »
Matthieu emploie
à dessein exactement les mêmes mots
pour montrer que l’histoire qui commence avec Adam se termine avec
Jésus-Christ.
Si nous comparons
la liste de noms de Matthieu avec l’Ancien Testament, nous découvrons que
Matthieu a condensé les générations. Pourquoi ? Il utilise l’art
littéraire pour nous montrer une vérité imprtante au sujet de Jésus. La généalogie
elle-même montre que Jésus descendait de David. Mais Matthieu a montré
clairement que Jésus est non seulement un des descendants de David, mais qu’il
est le descendant parfait ou idéal de David.
Mt 1,17 : Il
y a donc en tout quatorze générations depuis Abraham jusqu’à David, quatorze
générations depuis David jusqu’à la déportation à Babylone, quatorze
générations depuis la déportation à Babylone jusqu’au Christ.
Matthieu a
disposé les noms en trois groupes de quatorze. Troir est unnombre symbolique
parfait. Et quatorze est deux fois sept. Et sept est aussi un nombre symbolique
parfait, donc quatorze est en chiffre doublement
parfait.
Mais le choix de
quatorze par Matthieu est encore plus symbolique que cela. L’Hébreu emploie des
lettre pour représenter des chiffres, exactement de la même façon que les
Romains. Dans les chiffres romains, par exemple, V réprésente le cinq et X
réprésente dix. Pour les chiffres hébreux lalettre daleth (D) représente quatre, et la letre vav (V) réprésente six.
Parce que les
lettres représentent aussi des chiffres, vous pourriez additionner les lettres
dans un nom hébreux et obtenir un nombre. Les gens d’alors faisaient souvent
cela et ils attachaient une valeur symbolique mystérieuse au nombre représenté
par les lettres d’un nom.
Comme in n’avait
pas de voyelles en hébreu, le nom David s’écrivait DVD. Ajoutez la valeur des
lettres du nom David (4+6+4) et vous obtenez quatorze.
Quatorze,
quatorze, quatorze : en répétant trois fois le nombre correspondant au nom
de David. Matthieu signifie que Jésus est l’héritier idéal de David, l’Oint
véritable qui hérite de toutes les promesses de l’Alliance davidique.
Maintenant
remarquez comment Matthieu divise l’histoire d’Israël. Il y a trois événements
importants qui, aux yeux de Matthieu, résume l’histoire :
1. L’alliance
avec Abraham
2. L’alliance
avec David
3. la déportation
à Babylone.
Les deux premiers
se rapportent aux promesses qui ne seraient accomplies qu’à la venu du
Christ : tous les peuples de la terre seraient bénis en Abraham, et les
descendants de David auraient la primauté sur tous les rois de la terre.
Le troisième, la
déportation à Babylone, semblait signifier la fin des deux premières promesses.
Bien qu’un petit reste retourna plus tard à Jérusalem, l’exil n’était terminé.
Beaucoup des Juifs restèrent à Babylone, ou en Égypte et à d’autres endroits où
ils s’étaien réfugiés pour échapper à Nabuchodonosor. Plus important encore, il
n’y aurait jamais à l’avenir de rois de la lignée de David sur le trône de
Jérusalem. Excepté pendant une courte période sous les Maccabées,Israël a
toujours été une provinde de quelque empire étranger.
L’exil se termine
seulement avec la venue de Jésus, qui rassemble tous les peuples dans le
royaume de Dieu.
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