05 septembre, 2019

Saint Matthieu et saint Luc rapportent la généalogie du Seigneur.


Saint Matthieu et saint Luc rapportent la généalogie du Seigneur.

Celle de Matthieu (1, 1-7) ouvre son Évangile et indique que le Christ est issu du peuple élu, selon une ascendance qui remonte jusqu’à Abraham, qu’il est le Messie annoncé par les prophètes et descendant de David, qu’il est le roi de la dynastie davidique envoyá par Dieu selon les promesses du salut.
Saint Luc, par contre, écrit d’abord pour les chrétiens issus du paganisme, et c’est pourquoi il souligne l’universalité de la Rédemption opérée par le Christ. Ainsi, dans sa généalogie, il remonte jusqu’à Adam, le père de tous les hommes. Gentils et Juifs, signalant non seulement les liens du Christ avec les Juifs mais avec tous les hommes.

De même que saint Matthieu souligne le messianisme de notre Seigneur, saint Luc met en avant sa fonction sacerdotale. Saint Thomas, à la suite de saint Augustin, voit dans la généalogie de saint Luc la révélation du saceroce du Christ, et il a suivi un ordre non pas descendant mais ascendant. En effet, en situant sa généalogie au moment où Jean rend témoignage au Christ en ces termes : Voici celui qui enlève les péchés du monde, Luc s’attache à considérer le Christ comme un prêtre envoyé pour effacer les péchés ; en suivant un ordre ascendant qui passa par Abraham, il aboutit à Dieu en qui, une ois purifiés et pardonnés, nous sommes réconciliés.

Les listes généalogiques de saint Matthieu et de saint Luc comportent des différences de noms. Les exégètes, se fondant sur l’historicité absolue des deux Évangiles, ont proposé diverses solutions, aucune d’elles ne s’imposant de manière définitive. Les Juifs conservaient soigneusement leurs généalogies ; les membres des familles royales ou sacerdotales s’en servaient pour exercer leurs droits, leurs obligations et leurs fonctions. Par exemple, lors du retour de l’exil à Babylone, les prêtres et les lévites qui présentèrent leurs tables généalogiques en règle retrouvèrent leurs fonctions ans le Temple. De la même façon, d’autres reprirent possession de leurs anciennes terres. Par contre, ceux qui, après les années malheureuses de l’exil, ne purent prouver leurs ascendance, furent exclus des fonctions sacerdotales et ne récupérèrent pas les terres qu’ils réclamaient (cf. Esd 2, 59-62 ; Ne 7, 64).


Deux solutions permettent d’expliquer les différences entre les généalogies de Matthieu et de Luc :
1) Les deux évangélistes rapportent la généalogie de saint Joseph, mais l’un fait cas de la loi du lévirat (si quelqu’un mourait sans enfant, son frère devait prendre pour femme sa belle-sœur devenue veuve, l’aîné de ce couple étant le fils légal du défunt, tandis que l’autre n’en tient pas compte.
2) Saint Matthieu présente la généalogie de saint Joseph, et saint Luc celle de la Vierge Marie. Dans ce dernier cas, Joseph ne serait pas à proprement parler le fils d’Héli, mais seulement son gendre. Mais cette deuxième hypothèse manque de fondement sérieux au sein du texte évangélique.

Le but n’est pas d’indiquer des filiations strictes mais des lignées plus ou moins lâches.
Nous pensons que là est la clef de lecture :
–  Les deux généalogies incluent les personnages les plus importants de l’Histoire du Salut : les patriarches, les ascendants directs de David et lui-même, Zorobabel, personnage-clef  de la reconstruction après l’Exil, et son père
–  Mt insiste sur l’inscription dans le Peuple juif, à partir d’Abraham, sur la lignée royale de David, l’histoire du salut qui se déploie. Le fait qu’il mentionne quelques femmes a été beaucoup commenté. A chaque fois, il s’agit d’une naissance « problématique » (incestueuse, adultérine, avec une prostituée, une non-juive, hors mariage s’agissant de Marie). L’interprétation la plus courante montre que le plan de Dieu se déploie même dans les accidents de l’Histoire, les situations irrégulières et le péché des hommes
–  Pour arriver à 14 dans la dernière série mathéenne, il faut rajouter l’Esprit-Saint dans la généalogie. C’est le message qu’il veut faire passer : l’Esprit-Saint à l’œuvre dans l’Histoire et l’inscription de Jésus dans cette Histoire sainte
– Chez Lc, il faut rajouter Dieu à l’origine et Jésus à l’aboutissement pour avoir des séries multiples de 7. Dieu est Père de Jésus, mais Jésus est homme. C’est d’une part, la Création de l’Homme par Dieu (Adam), puis l’Incarnation de Dieu (Jésus) dans une lignée humaine, qui permettent au salut de se déployer
– Enfin, le fait de remonter à rebours à partir de Jésus jusqu’à Dieu montre plutôt la filiation théologique, le Mystère de l’Incarnation, qu’une approche historique comme chez Mt.



En tout cas, il est intéressant de découvrir comment saint Matthieu montre à travers sa généalogie, que Jésus est le Fils de David attendu.
Le Nouveau Testament commence en montrant comment Jésus descendait de David et d’Abraham.
Matthieu utilise l’art littéraire pour montrer que Jésus est le Fils parfait de David.
Pour Matthieu, l’Exil finit avec la venue de Jésus.

Jean met l’accent sur le fait que Jésus était le Fils de Dieu qui existait depuis le commencement de la Création. Mais la nature humaine de Jésus-Christ est tout aussi importante.
Tout le Nouveau Testament commence avec la généalogie de Jésus-Christ.
Le Fils de David, le Fils d’Abraham.

La généalogie dans Matthieu est plus qu’une référence purement matérielle. C’est aussi un subtil travail littéraire, un art qui a probablement frappé son auditoire beaucoup plus qu’il nous frappe aujourd’hui.

Matthieu commence sa généalogie avec ces mots : Le Livre de la généalogie de Jésus-Christ.
Dans la Septante (la traduction grecque de l’Ancien Testament utilisée partout au temps de Matthieu) Genèse commence son résumé des descendants d’Adam avec ces mots : « Voici le Livre de la généalogie d’Adam »

Matthieu emploie à dessein exactement les mêmes mots pour montrer que l’histoire qui commence avec Adam se termine avec Jésus-Christ.

Si nous comparons la liste de noms de Matthieu avec l’Ancien Testament, nous découvrons que Matthieu a condensé les générations. Pourquoi ? Il utilise l’art littéraire pour nous montrer une vérité imprtante au sujet de Jésus. La généalogie elle-même montre que Jésus descendait de David. Mais Matthieu a montré clairement que Jésus est non seulement un des descendants de David, mais qu’il est le descendant parfait  ou idéal de David.

Mt 1,17 : Il y a donc en tout quatorze générations depuis Abraham jusqu’à David, quatorze générations depuis David jusqu’à la déportation à Babylone, quatorze générations depuis la déportation à Babylone jusqu’au Christ.

Matthieu a disposé les noms en trois groupes de quatorze. Troir est unnombre symbolique parfait. Et quatorze est deux fois sept. Et sept est aussi un nombre symbolique parfait, donc quatorze est en chiffre doublement parfait.

Mais le choix de quatorze par Matthieu est encore plus symbolique que cela. L’Hébreu emploie des lettre pour représenter des chiffres, exactement de la même façon que les Romains. Dans les chiffres romains, par exemple, V réprésente le cinq et X réprésente dix. Pour les chiffres hébreux lalettre daleth (D) représente quatre, et la letre vav (V) réprésente six.

Parce que les lettres représentent aussi des chiffres, vous pourriez additionner les lettres dans un nom hébreux et obtenir un nombre. Les gens d’alors faisaient souvent cela et ils attachaient une valeur symbolique mystérieuse au nombre représenté par les lettres d’un nom.

Comme in n’avait pas de voyelles en hébreu, le nom David s’écrivait DVD. Ajoutez la valeur des lettres du nom David (4+6+4) et vous obtenez quatorze.

Quatorze, quatorze, quatorze : en répétant trois fois le nombre correspondant au nom de David. Matthieu signifie que Jésus est l’héritier idéal de David, l’Oint véritable qui hérite de toutes les promesses de l’Alliance davidique.

Maintenant remarquez comment Matthieu divise l’histoire d’Israël. Il y a trois événements importants qui, aux yeux de Matthieu, résume l’histoire :
1. L’alliance avec Abraham
2. L’alliance avec David
3. la déportation à Babylone.

Les deux premiers se rapportent aux promesses qui ne seraient accomplies qu’à la venu du Christ : tous les peuples de la terre seraient bénis en Abraham, et les descendants de David auraient la primauté sur tous les rois de la terre.
Le troisième, la déportation à Babylone, semblait signifier la fin des deux premières promesses. Bien qu’un petit reste retourna plus tard à Jérusalem, l’exil n’était terminé. Beaucoup des Juifs restèrent à Babylone, ou en Égypte et à d’autres endroits où ils s’étaien réfugiés pour échapper à Nabuchodonosor. Plus important encore, il n’y aurait jamais à l’avenir de rois de la lignée de David sur le trône de Jérusalem. Excepté pendant une courte période sous les Maccabées,Israël a toujours été une provinde de quelque empire étranger.

L’exil se termine seulement avec la venue de Jésus, qui rassemble tous les peuples dans le royaume de Dieu.


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